L'objectif de l'essai est de déterminer, par l'entremise d'une étude de cas sur l'arrondissement montréalais Rosemont- La Petite-Patrie, dans quelle mesure la forestation urbaine comme stratégie de lutte aux ilots de chaleur peut constituer une opportunité économique pour une société.
La problématique des ilots de chaleur urbains est grandement attribuable à la perte des espaces verts en milieu urbain au profit de la minéralisation de l'espace. Le verdissement urbain constitue une solution d'avant-plan qui, en plus de minimiser les externalités négatives du réchauffement, comporte des avantages qui vont au delà de la résolution dde la problématique d'ilots de chaleur urbains. Même si la forestation urbaine urbain revêt à priori un volet purement biophysique, l'analyse démontre le lien très étroit qui relie les services environnementaux qu'offrent les arbres à des bénéfices sociaux et économiques. À titre d'exemple,ils régulent les micro-climats et permettent de réduire la consommation d'énergie en plus d'augmenter le confort thermique. La séquestration de polluants atmosphériques contribue à la réduction des taux de mortalité et de morbidité et donc des coûts de santé. Les arbres permettent aussi la rétention des eaux de pluie et ce faisant, minimise les quantités d'eau à traiter à l'usine d'épuration. Enfin, la présence de végétation ajoute une composante esthétique au territoire qui influe sur la fréquentation commerciale et sur la valeur foncière des bâtiments. Des études économiques sur les forêts urbaines permettant de quantifier la valeur de chacun de ces services, sont reprises pour extrapoler les résultats à la valeur potentielle du patrimoine arboricole public rosemontois. Grâce à cet inventaire de l'arrondissement, une estimation des bienfaits économiques a été réalisée en internalisant les externalités positives précitées et mises en relation avec les coûts générés.
Les conclusions de l'analyse permettent de confirmer que la forêt urbaine publique actuelle de l'arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie constitue une valeur ajoutée à raison de près de 2,5 millions de bénéfices nets pour l'année de référence 2011, soit 5,6 fois plus de bénéfices que de coûts. Une vaste opération de verdissement de 26 500 arbres permettrait à son tour un retour sur investissement rentable en 26 ans. En tenant compte de la valeur ajoutée que la forêt urbaine actuelle prendrait avec les années, les surplus serviraient à compenser pour les coûts élevés de départ de l'opération de verdissement et le retour sur investissement commencerait donc à la 8e année. Au bout de 45 ans, le flux cumulé net actualisé atteint les 14,6 millions pour le plan arboricole pris individuellement. C'est 1,18 fois plus de bénéfices que les projections du statut quo. Cela représenterait 325 000$ de bénéfices nets annuels supplémentaires entre 0 et 45 ans. Face à ces résultats rentables, il est recommandé de veiller à la conservation des acquis forestiers mais surtout de maximiser les projets de verdissement, en faisant intervenir plusieurs parties prenantes sachant que les avantages économiques se ressentent à différents paliers, qu'ils soient au niveau du citoyen, à l'échelle de l'arrondissement, de la Ville ou du gouvernement.