Montréal, le 24 février 2022 – L’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) a publié aujourd’hui un important rapport de recherche à propos l’économie numérique au Québec. L’étude présente les principales caractéristiques de ce secteur de l’économie et les bouleversements qu’il entraîne sur l’environnement et l’organisation du travail. Elle brosse aussi un état des lieux en ce qui concerne les différentes stratégies adoptées jusqu’ici par les gouvernements pour soutenir ce secteur économique.
« L’étude que nous publions aujourd’hui montre que nous sommes devant plusieurs défis importants en matière de rétention des entreprises et de la propriété intellectuelle » a affirmé Éric N. Duhaime, chercheur à l’IRÉC. Ces faits sont importants compte tenu de l’ampleur des moyens qu’investissent les gouvernements afin de favoriser la croissance de ce secteur. Ceux-ci sont d’ailleurs détaillés dans la nouvelle publication de l’IRÉC.
« Lorsque les investisseurs privés ou publics se départissent de leur participation au sein d’entreprises émergentes, ils se tournent soit vers l’entrée en bourse soit vers les fusions et acquisitions. Or, c’est souvent cette dernière option qui est privilégiée et plusieurs entreprises émergentes sont alors acquises par des entreprises étrangères » a expliqué Éric N. Duhaime. « Si l’on couple cela au déficit des brevets, il y a lieu de se demander si nous ne sommes pas en train de devenir un simple sous-traitant de la recherche et du développement dans le domaine numérique au Québec » a-t-il poursuivi.
L’étude remarque qu’il existe une concentration des ressources qui se matérialise dans la disparité frappante des fonds publics consacrés à l’intelligence artificielle en comparaison à ceux qui sont consacrés à l’ensemble des autres domaines qui relèvent du génie et des sciences naturelles. « Nous avons tendance à mettre tous nos œufs dans le même panier », a résumé Éric N. Duhaime.
« L’idée ce n’est pas du tout de dire qu’il faudrait cesser d’investir dans un secteur clef de l’économie sous prétexte qu’il génère des externalités négatives. Au contraire, il s’agit plutôt d’identifier les indicateurs qui doivent être pris en compte pour éviter que des politiques publiques visant à faire croître l’économie numérique au Québec ne bénéficient qu’aux entreprises américaines. En quelque sorte, nous levons un drapeau rouge dont les décideurs devraient tenir compte pour améliorer nos politiques publiques », a précisé Robert Laplante, directeur général de l’IRÉC. « Les investissements que nous effectuons dans notre économie doivent être structurants et viser le bien commun, c’est là notre principale conviction » a-t-il conclu.
Divisé en trois chapitres, le rapport aborde tour à tour les stratégies adoptées par le Québec en matière d’économie numérique, les caractéristiques de ce secteur et les défis que le modèle d’affaires des entreprises de plateforme pose au niveau sociétal et environnemental. La publication de deux autres rapports de recherche qui s’inscrivent dans la foulée de ce travail est prévue par l’institut de recherche au cours des deux prochaines années.
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Fondé en 1999, l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) est un organisme scientifique indépendant voué à l’enrichissement du débat public par la production de recherches rigoureuses et par la conduite d’activités d’animation et de formation favorisant le développement des compétences dans le domaine économique. L’IREC s’intéresse à l’ensemble de l’économie et mène des travaux destinés à contribuer à la construction du bien commun. Ses approches visent à renouveler le modèle québécois par la promotion d’alternatives crédibles. Les enjeux de la transition écologique de l’économie retiennent tout particulièrement son attention.
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Source : Louis-Philippe Sauvé
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