Montréal, le jeudi 28 mars 2024 – À la clôture du colloque « Hydro-Québec et nous. Quel avenir pour le service public de l'énergie ? », il apparaît urgent qu’un large débat de société ait lieu sur l’avenir énergétique du Québec. Organisé par l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC), cet événement a réuni une cinquantaine de représentants des milieux universitaires, environnementaux, municipaux et syndicaux à l’ITHQ jeudi après-midi.
« Nous sommes à un moment charnière de l’histoire énergétique du Québec. Hydro-Québec est sur le point de lancer des investissements de 90 G$ à 110 G$ d’ici 2035.On parle de près de 200 G$ d’ici 2050. C’est énorme ! » s’exclame Noël Fagoaga, chercheur à l’IRÉC. « De quelle façon cela va-t-il être déployé et qui en profitera ? Est-ce qu’on vise le Bien commun ou l’enrichissement de partenaires d’affaires ? Ce sont des questions cruciales qu’on doit se poser maintenant si on ne veut pas perdre la maîtrise de notre avenir énergétique », affirme-t-il.
Pour Robert Laplante, la proportion pharaonique du nouveau plan stratégique d’Hydro-Québec justifie un débat de grande ampleur. « La précipitation avec laquelle le gouvernent du Québec et la nouvelle direction de la société d’État agit devrait nous inquiéter. L’urgence climatique ne peut pas être une excuse pour faire l’économie d’un débat public. Ce sont des choix qui ont un impact majeur sur le modèle de développement. Il est essentiel de faire comprendre ce qui est en jeu. Hydro-Québec appartient à tous les Québécois; ses dirigeants en sont les fiduciaires, pas les propriétaires », a renchéri Robert Laplante, directeur général de l’institut.
Le colloque de l’IRÉC qui se tenait aujourd’hui a réuni des experts de premier plan sur les enjeux actuels et futurs qui touchent directement la gestion et l'avenir de l'énergie au Québec. Les panélistes ont notamment discuté de la privatisation de l'énergie, du changement de modèle pour Hydro-Québec et du nouveau contexte de la transition énergétique.
L’objectif premier du colloque était de recadrer le débat sur l’énergie au Québec. « Si l’on considère les différentes interventions dans l’espace public depuis quelque temps, il semble régner une grande confusion. Tout le monde essaie de s’imposer avec des messages simples sur une thématique pourtant complexe. Ça nous prend des clefs de compréhension pour saisir les enjeux. Il est nécessaire d’avoir une perspective intégrée pour comprendre ce qui se passe. C’est ce que nous avons voulu offrir avec cette journée de réflexion », explique Noël Fagoaga.
À l’heure où le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, Pierre Fitzgibbon, s’apprête à déposer son projet de loi sur la Régie de l’énergie, le gouvernement devra expliquer sa vision du développement énergétique à la population québécoise. « Le modèle de développement privatisé de la production électrique est déjà en place. Avec le grand chantier qui s’amorce avec le plan d’Hydro-Québec, à l’horizon 2035, on risque de se retrouver dans une situation où on aura délégué complètement le développement de notre future production énergétique au privé. En ce moment, le plan de transition énergétique ne vise pas à lutter contre les changements climatiques, mais bien à stimuler la croissance économique », observe Noël Fagoaga.
Comme l’a montré récemment une récente note de l’IRÉC, le modèle de développement privatisé de l’éolien dépossède les municipalités de leur capacité d’action en matière d’aménagement du territoire. Or, pour les organisateurs du colloque, c’est la souveraineté énergétique du Québec qui est en jeu.
« Hydro-Québec est un joyau pour les Québécois. Les choix que nous allons faire dans les prochaines années seront lourds de conséquences. Si nous ne prenons pas les bonnes décisions stratégiques maintenant, ce sont nos enfants et nos petits-enfants qui seront dépossédés d’un patrimoine extraordinaire que nous avons reçu en héritage de la Révolution tranquille », a conclu Robert Laplante.
À propos de l’IRÉC
Fondé en 1999, l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) est un organisme scientifique indépendant voué à l’enrichissement du débat public par la production de recherches rigoureuses et par la conduite d’activités d’animation et de formation favorisant le développement des compétences dans le domaine économique. L’IRÉC s’intéresse à l’ensemble de l’économie et mène des travaux destinés à contribuer à la construction du bien commun. Ses approches visent à renouveler le modèle québécois par la promotion d’alternatives crédibles. Les enjeux de la transition écologique de l’économie retiennent tout particulièrement son attention.
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Source : Louis-Philippe Sauvé
Institut de recherche en économie contemporaine
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