Comparaison des émissions CO2 selon l’angle de calcul : production VS consommation

Pour répondre aux objectifs de l’Accord de Paris sur le climat, les pays avancés doivent mettre en place des mesures ambitieuses de réduction des émissions de GES, y compris par le biais d’une tarification croissante des émissions carbone. Mais en adoptant de telles mesures, les pays les plus ambitieux risquent de provoquer une délocalisation de la production de certains produits vers les pays qui chercheront à profiter de l’aubaine, grâce à des mesures plus modestes, voire en étant complaisants envers les entreprises fortement émettrices. Dans cette fiche, nous allons illustrer les enjeux de cette problématique par le biais d’une comparaison des émissions de CO2 de certains pays, selon qu’ils sont analysés sous l’angle de la production ou de la consommation.

L’inventaire conventionnel des émissions sous l’angle de la production permet d’estimer de façon détaillée toutes les émissions produites sur un territoire national, en fonction des grandes catégories d’émetteurs : l’énergie, le transport, l’industrie, le bâtiment, l’agriculture, les déchets. Mais on peut également calculer les émissions sous l’angle de l’empreinte carbone de la consommation intérieure d’un pays : cet inventaire diffère du précédent par le fait qu’on ne s’intéresse pas aux seules émissions produites sur le territoire national mais à l’empreinte carbone de tous les produits consommés sur place, peu importe le pays où ils ont été fabriqués. Nonobstant les difficultés méthodologiques qui sont posées par le calcul des émissions sous l’angle de la consommation, l’intérêt de produire les deux types d’inventaire est de pouvoir identifier avec précision les enjeux des émissions du carbone (produit ou consommé) et de suivre leur évolution dans le temps, permettant ainsi d’adopter les mesures les plus efficaces pour les réduire.

Nous estimons que le Québec devrait suivre l’exemple de certains pays en s’engageant dans la production annuelle des deux types d’inventaire. Cela permettrait de vérifier si effectivement, comme nous le supposons, l’écart entre notre empreinte carbone et nos émissions territoriales s’est accru de façon dramatique dans les années récentes, du fait que nos approvisionnements en pétrole proviennent maintenant de l’ouest canadien et des États-Unis, qui produisent un pétrole ayant une intensité carbone passablement plus élevée que celle qu’avaient nos approvisionnements traditionnels en pétrole léger.



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