Évolution de la rémunération horaire au Québec
La composition démographique et sociale de la main d’œuvre des économies occidentales s’est transformée de manière importante depuis les trente dernières années. Parmi ces transformations, notons par exemple la progression marquée du taux d’activité des femmes, l’augmentation significative du niveau de scolarité moyen et, plus récemment, le vieillissement de la population en âge de travailler. Puisque les variables sociodémographiques influencent le comportement des travailleurs et des entreprises sur le marché du travail, il devient alors important de les intégrer dans l’analyse de l’évolution d’indicateurs clés tels que le taux de chômage, le taux d’activité et les salaires.
La présente étude analyse l’impact des modifications de la composition de la main d’œuvre sur l’évolution et le niveau des salaires au Québec. Plus précisément, nous employons la méthode de décomposition d’Oaxaca-Blinder afin d’identifier les déterminants de l’évolution des écarts salariaux entre différentes catégories de travailleurs sur une période de trente ans. La méthodologie et le cadre empirique que nous adoptons suivent de près ceux employés dans Baker et Drolet (2010) et Morissette et coll. (2013) avec comme principale distinction l’attention particulière portée au cas du Québec. Ce choix est motivé parce que, d’une part, les caractéristiques de la main d’œuvre québécoise dont le niveau d’éducation ou le taux de syndicalisation diffèrent des autres provinces canadiennes et que, d’autre part, de nombreuses études ont documenté la présence d’écarts de nature structurelle entre les régions du Canada illustrés notamment par une faible convergence des salaires et des différences de productivité du travail1. Ces spécificités sont en retour susceptibles d’affecter différemment les rémunérations selon les groupes de travailleurs.
Le reste de l’étude se décompose comme suit. Nous dressons un portrait général de l’évolution des caractéristiques de la main d’œuvre ainsi que des salaires au Québec sur les trente dernières années. Nous analysons subséquemment l’évolution des salaires à l’aide des méthodes de décomposition selon quatre dynamiques, dont le sexe, l’âge, le niveau d’éducation et les emplois dans le secteur public québécois par rapport aux autres salariés québécois. Nous considérons finalement les différences dans l’évolution des salaires entre les travailleurs québécois et ceux du reste du Canada.
Pour les dimensions méthodologiques, nous référons le lecteur à l’annexe 1 à la page 43 où nous décrivons brièvement le cadre théorique associé à la méthode de décomposition d’Oaxaca-Blinder ainsi que les données des différentes enquêtes utilisées lors des analyses économétriques.