Les filières de produits au coeur de l’autonomie alimentaire : analyse et propositions pour une politique bioalimentaire structurante

Le thème de l’autonomie alimentaire s’est imposé dans le discours du gouvernement québécois depuis quelques années. En dépit de l’importance qu’il prend dans les communications du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), force est de constater que son contenu demeure imprécis et que la politique qui vise à la concrétiser est encore en construction. Cela survient dans le contexte où l’économie québécoise et le secteur bioalimentaire doivent enclencher une importante transition, qui mènera notamment à adopter une alimentation plus durable, plus nutritive, plus locale et socialement juste. Ce contexte est l’occasion d’engager un projet d’autonomie alimentaire qui soit structurant et audacieux.

Pour propulser ce projet, l’approche par filière est tout indiquée. Cette approche consiste à envisager l’ensemble des segments jalonnant la chaîne de valeur que parcourt un produit bioalimentaire, de sa production à sa consommation. Cette approche permet de comprendre les dynamiques économiques qui façonnent les marges de manœuvre des entreprises, les décisions d’investissement ainsi que les choix des consommateurs.

Au-delà de sa justesse pour l’analyse économique, cette approche a une pertinence stratégique dans l’élaboration des politiques publiques. En agissant sur les variables structurelles qui favorisent l’essor ou la réorganisation de ces filières, il est possible de faire converger les grandes orientations des politiques bioalimentaires avec les opportunités offertes aux entreprises qui œuvrent dans ces filières. Une politique d’autonomie alimentaire qui vise à faire bouger les lignes et à obtenir des résultats de long terme ne peut se priver d’une telle approche.

Le présent rapport propose une réflexion sur le projet d’autonomie alimentaire du Québec en soulevant ses potentiels pour faire face aux enjeux de la transition en matière de durabilité écologique, de santé publique, de relocalisations industrielles et d’occupation du territoire. Il propose aussi, et d’abord, des études de filières bioalimentaires qui mettront à l’épreuve la cohérence et l’ambition de ce projet.

En effet, trois filières de produits bioalimentaires ultra-transformés (les croustilles à base de pommes de terre, les pizzas surgelées et le yogourt) sont décrites afin de faire ressortir leur faible compatibilité actuelle avec les exigences d’un projet d’autonomie alimentaire conciliant durabilité, santé publique et proximité. D’autre part, trois filières émergentes d’aliments nutritifs et locaux (le sarrasin, l’avoine nue et le soya à identité préservée (IP)) sont présentées afin de mettre en lumière leur potentiel de développement. Ces études de filières doivent être comprises pour ce qu’elles sont, c’est-à-dire des manières d’ancrer l’autonomie alimentaire dans les dynamiques bioalimentaires réelles, aussi bien dans l’objectif de les infléchir que de les propulser[1].

[1] Ce rapport rassemble plusieurs textes autoportants. Nous recommandons néanmoins de lire minimalement l’introduction, la première partie – qui porte sur l’autonomie alimentaire – et la conclusion, afin de saisir la trame générale et la réflexion stratégique qui la sous-tend. Les parties trois à huit, qui portent sur les filières d’aliments ultra-transformés et les filières émergentes, peuvent être lues séparément, dans l’ordre ou le désordre.

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