Lettre signée par François L’Italien, coordonnateur de l’Observatoire de la retraite avec l’appui de quelques partenaires du Sommet sur la retraite : Fonds de solidarité FTQ, Fondaction, la CSN, la FTQ, la CSQ et l’Institut de recherche en économie contemporaine.
Le 12 octobre prochain se tiendra le premier Sommet sur la retraite. L’événement abordera l’un des plus importants enjeux socioéconomiques du Québec de demain.
Parmi les défis auxquels le Québec fait face, celui de l’amélioration de la situation financière des personnes aînées et retraitées du Québec est l’un de ceux qui unifie l’Assemblée nationale. Alors que l’on discute - avec raison - des effets de l’inflation sur le revenu des personnes salariées, peu d’attention est portée au revenu actuel et futur de celles et ceux qui vivent de leurs rentes de retraite.
Or, le fait est que l’univers des régimes de retraite s’est transformé au cours des dernières décennies, suivant un courant où prédominent les approches individualisantes et fondées sur le court terme. Citons notamment que les régimes d’employeurs, qui devaient compléter le revenu de retraite offert par les régimes publics, n’ont cessé de se détériorer. Depuis le début des années 2000, les employeurs de plusieurs secteurs se sont retirés du financement des régimes dits à prestations déterminées. Ce retrait, qui s’est traduit par des fermetures ou par des restructurations de régimes, a entraîné des conséquences majeures pour les personnes salariées et retraitées.
Le temps presse. D’importantes inégalités socioéconomiques ont déjà commencé à poindre, non seulement entre les cohortes de retraités, mais à l’intérieur même de ces cohortes. Si rien n’est fait au cours des prochaines années, notre société se dirige vers d’inacceptables disparités de revenus chez les personnes aînées et retraitées.
Pour ces raisons, il nous apparaît essentiel que le prochain gouvernement intervienne de façon soutenue et structurante pour renverser cette tendance et lutter contre l’appauvrissement des aînés et retraités, ceux d’aujourd’hui et de demain.
Le Québec dispose de plusieurs moyens pour renverser cette tendance. L’un de ces moyens est la mobilisation de l’épargne-retraite des travailleuses et travailleurs dans des fonds dotés de mission d’intérêt général : ces institutions ont été créées afin de coupler les fonctions d’épargne et d’investissement dans le développement socioéconomique du Québec.
La contribution de ces fonds à l’amélioration de la situation économique des personnes retraitées peut prendre plusieurs formes. À titre d’exemple, le gouvernement du Québec a récemment conclu une entente avec le Fonds de solidarité FTQ et Fondaction, notamment, pour le développement de l’habitation abordable. Alors que l’accès à la propriété est de plus en plus difficile et que les résidences privées pour personnes aînées restent très onéreuses, un moyen d’améliorer substantiellement le bilan financier des retraités serait de leur offrir des options d’habitation adaptés à leurs revenus. Il s’agit donc d’agir sur la colonne des dépenses à la retraite. Les institutions financières qui interviennent dans le développement économique et social du Québec trouvent là une occasion supplémentaire pour faire équipe avec les Québécoises et Québécois, et contribuer à une transition et un monde plus juste. À une société solidaire qui nous ressemble.
Le Québec doit multiplier les actions structurantes de ce type et supporter la participation des forces vives de la société pour améliorer la situation financière des personnes retraitées. Nous avons ce qu’il faut pour affronter les défis d’envergure. Il ne manque que l’engagement du prochain gouvernement du Québec à vouloir redresser la situation.