Économie numérique et transfert technologique

Le Québec en perte de contrôle

COMMUNIQUÉ
Le Québec en perte de contrôle

Montréal, le jeudi 21 septembre 2023 – L’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) publie aujourd’hui un rapport de recherche à propos des enjeux entourant le transfert technologique. Les conclusions de cette étude sont accablantes aux vues des objectifs gouvernementaux en matière d’innovation. L’étude démontre que l’économie québécoise ne bénéficie pas pleinement des investissements publics dans le secteur numérique. Elle propose aussi des avenues pour corriger le tir.

« Nous sommes présentement témoins d’une attaque en règle envers la presse traditionnelle de la part des GAFAM. Nos médias se font dévorer leur marché publicitaire par les multinationales du numérique. D’un côté, les gouvernements veulent que les géants du web indemnisent les entreprises de presse pour la perte de revenus inhérente à leur modèle d’affaires, mais de l’autre, nos politiques font en sorte qu’on finance à même les fonds publics des innovations technologiques dont le contrôle fini par nous échapper », explique Éric N. Duhaime, chercheur à l’IREC et auteur de l’étude.

Selon lui, le cadre général des politiques d’innovation au Québec est à revoir. « Les données colligées dans nos travaux confirment que nous assistons présentement à une fuite massive des brevets et des entreprises émergentes vers l’étranger », affirme sans détour M. Duhaime. « La chute du ratio du nombre de brevets octroyé comparativement au nombre d’inventions brevetées par des chercheurs et chercheuses du Québec est vertigineuse. Qui plus est, dans le domaine des technologies de l’information et des communications, nous perdons plus d’entreprises vers l’étranger que nous en gagnons par le biais des fusions et acquisitions » ajoute-t-il.

Le rapport de recherche révèle que le manque d’encadrement et de cohérence en matière de propriété intellectuelle ne permet pas de préserver la maîtrise des innovations technologiques développées à l’aide de subventions publiques. De plus, les données montrent que les activités de transfert technologique s’avèrent très peu rentables pour les universités. « Lorsqu’il est question de transfert technologique, on observe qu’il y a une étatisation des coûts et une privatisation des bénéfices. Bref, les contribuables n’en ont pas pour leur argent, même quand on considère le portrait d’ensemble », explique Éric N. Duhaime.

En dépit des incitatifs gouvernementaux et de la multiplication des organismes visant à favoriser les partenariats entre les universités et les entreprises privées, les investissements de ces dernières en recherches et développement au sein des universités tendent à diminuer depuis 20 ans. Entre 2001 et 2020, la baisse a été de 9,8 % en dollars constants d’après le rapport.

Malgré le portrait sombre brossé par l’étude, des solutions peuvent être mises de l’avant pour contrer les effets délétères de la fuite des brevets. Ainsi, il serait envisageable que le ministère de l’Enseignement supérieur du Québec demande une meilleure reddition de compte en matière de transferts technologiques. Les fonds de recherches pourraient aussi être plus exigeants pour ce qui est de la propriété intellectuelle.

« Il faut mettre en place un mécanisme de contrepartie si nous voulons un juste retour sur investissement, soit une participation collective à la propriété intellectuelle des innovations développées ou au capital-actions des entreprises émergentes qui serait à la hauteur de la part publique du financement des recherches. Lorsqu’on investit collectivement, il est tout à fait normal de que l’on s’attende à obtenir notre juste part », conclut le chercheur Éric N. Duhaime.

L'étude peut être consultée ici.

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Fondé en 1999, l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) est un organisme scientifique indépendant voué à l’enrichissement du débat public par la production de recherches rigoureuses et par la conduite d’activités d’animation et de formation favorisant le développement des compétences dans le domaine économique. L’IREC s’intéresse à l’ensemble de l’économie et mène des travaux destinés à contribuer à la construction du bien commun. Ses approches visent à renouveler le modèle québécois par la promotion d’alternatives crédibles. Les enjeux de la transition écologique de l’économie retiennent tout particulièrement son attention.

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Source : Louis-Philippe Sauvé

Institut de recherche en économie contemporaine

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