Sortir de la gouvernance financière pour renforcer le système de revenu de retraite au Canada

Si la crise financière qui s’est déclenchée au cours de l’année 2008 a occasionné de lourdes pertes pour les caisses de retraite québécoises et canadiennes, elle a aussi révélé la fragilité structurelle de certains aspects du système de revenu de retraite. parce que ce der-nier revêt une importance décisive pour la sécurité financière des retraités en particulier, et compte d’une manière cruciale pour les stratégies de capitalisation des acteurs économiques en général, il est évident que cette vulnérabilité ne doit pas être tolérée plus longtemps. En ces matières, le statu quo est difficilement justifiable. pourtant, tel est le cas actuellement, car les mesures réglementaires qui ont été prises depuis la crise financière restent partielles et ne vont guère au cœur des problèmes et, en cela, elles laissent planer un doute sur la volonté de réformer le système des retraites au Canada afin d’augmenter sa résistance aux chocs financiers. Les décisions prises jusqu’à présent l’ont été en réaction à des événements particuliers, mais leurs effets sur la cohérence globale du système ont été peu soulignés alors que des motifs sérieux laissent penser que ces décisions créent peut-être des problèmes plus graves que ceux qu’elles prétendent résoudre. Ces mesures, en effet, conduisent à un transfert de risques de la gestion des régimes sur les cotisants actifs et les contribuables, qui devront ensemble se partager les coûts liés à la socialisation des pertes à la suite de la crise financière de 2008

Pour envisager des réformes susceptibles de modifier la cohérence globale du système de revenu de retraite au Canada, il importe de tenir compte du fait que les régimes de retraite sont au carrefour de plusieurs relations socio-économiques au cœur de la société : les relations industrielles à travers la négociation et la représentation des cotisants au régime; les relations juridiques à travers les lois qui définissent et encadrent les responsabilités des différentes parties prenantes, hors du modèle de l’association ou de la compagnie; les relations politiques dès lors que le régime de retraite fait partie d’un système public de revenu de retraite ou que la puissance publique apporte une garantie quant au versement des revenus à la retraite; les relations financières lorsque la gestion des actifs accumulés prend la forme de contrats de gestion auprès de gestionnaires d’actifs du secteur privé ou du secteur public et que les décisions de placement ont des impacts non négligeables sur les marchés financiers; les relations intergénérationnelles lorsque plus d’une génération de travailleuses et de travailleurs bénéficie de l’existence du régime de retraite. Le présent document reprend des éléments du rapport de recherche publié par l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) L’impact de la crise financière sur les régimes complémentaires de retraite au Québec: constats et interrogations et disponible sur son site sur la Toile à l’adresse suivante: http://www.irec.net. La contribution de ce mémoire à la réflexion sur les facteurs de solidité du système de revenu de retraite du Canada sera de proposer un cadre d’économie politique d’ensemble, étant entendu que de nombreux autres mémoires aborderont des points particuliers. Il nous semble en effet essentiel de situer les voies de réformes possibles dans une perspective d’ensemble visant une meilleure cohérence et une meilleure efficacité du système de revenu de retraite, qui pourra alors assurer sa mission première : offrir la sécurité d’un revenu de retraite avec un maximum d’équité et de transparence.

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