Les cibles de réduction de GES et la contribution des États. La nécessité d’y voir clair

Éclairer le débat sur les cibles de réduction de GES proposées par le Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (GIEC) pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C: un sujet pour les décrypteurs. Depuis la parution, en octobre 2018, d’un important rapport du GIEC sur le climat, les médias et les intervenants intéressés par le sujet sèment la confusion quant à la hauteur véritable de la cible proposée par le GIEC. Ils brouillent également les choses en se trompant sur le type d’émission à laquelle la réduction devrait s’appliquer (sur le carbone ou sur l’ensemble des GES). Pour démêler tout ça, la nouvelle note de l’IREC fait un bref retour en arrière sur les négociations climatiques pour comprendre les raisons de cette confusion. La progression des travaux du GIEC ayant pu provoquer des glissements d’interprétation au fil du temps, la note reconstitue les moments de cette progression et établie la véritable cible du GIEC, pour l’ensemble des GES, sur l’horizon de 2030, notant au passage le problème posé par le changement des années de référence utilisées pour fixer ces cibles.

Pour illustrer ce dernier problème, la note utilise les cas du Québec et du Canada pour comparer correctement les efforts des uns et des autres, en les ramenant à des années de référence communes. D’une part par rapport à 1990, la référence généralement utilisée depuis la signature du Protocole de Kyoto; d’autre part par rapport à 2010, la nouvelle référence utilisée par le rapport du GIEC de 2018. La comparaison est très significative : on constate que les ambitions canadiennes étaient trompeuses et qu’en vérité elles étaient ridiculement basses. La note établie que la nouvelle cible proposée récemment par le gouvernement canadien lui permettrait de se rapprocher du scénario du GIEC seulement parce que la nouvelle année de référence du GIEC favorise injustement les pays qui ont été complaisants avec les pollueurs.

La note d’intervention relève par ailleurs que le Québec est également loin du compte avec sa cible actuelle de réduction. Sur la base des propositions inventoriées par les rapports de recherche sur la transition énergétique produits par l’IREC, elle propose que le gouvernement du Québec rehausse ses engagements sur une fourchette de cibles de réduction des GES pour 2030 : un niveau de réduction minimal à atteindre de 40% par rapport à 1990, mais en poursuivant les efforts pour aboutir à un niveau plus ambitieux de réduction de 45% par rapport à 1990. La borne supérieure de cette fourchette permettrait au Québec de se placer sur la trajectoire proposée par le GIEC pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C.

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