Étude des différences entre les écoles secondaires du Québec quant aux résultats de leurs élèves à certaines épreuves du ministère de l’Éducation de la fin du secondaire

Depuis quelques années la saison de l’automne voit revenir pour le Québec un exercice méthodologique et statistique de mise en rangs de ses écoles secondaires qui retient l'attention des médias, de la population en général et, à n’en pas douter, des parents d'élèves qui fréquentent ou qui sont en voie de fréquenter l’école secondaire. Les relations entre certaines caractéristiques des écoles secondaires du Québec et les résultats moyens des élèves des écoles aux épreuves du ministère de l'Éducation sont ainsi présentées annuellement sous la forme d'un «Palmarès»2 et d'un «Bulletin»3 des écoles. Dans ces documents, les écoles secondaires sont mises en rangs et comparées entre elles sur la base d’une cote qui est la combinaison de la moyenne par école des résultats à certaines épreuves ministérielles de l'année écoulée et des années précédentes4, de même que sur la base de certaines caractéristiques de ces écoles.

Nous avons déjà souligné les lacunes de la mise en rangs et des comparaisons entre les écoles présentées dans ces «Palmarès»5 et nous croyons qu'il est essentiel, pour bien informer la population québécoise, de produire des analyses plus nuancées et en contexte afin d’obtenir un portrait plus juste des différences qui existent entre les écoles secondaires quant aux résultats de leurs élèves aux épreuves du Ministère de l'éducation du Québec (MEQ). Nous croyons également qu'il est possible de fournir à la population et aux parents d’élèves une information à laquelle ils ont droit en vue de porter des jugements adéquats sur l’état de la performance des élèves québécois aux épreuves ministérielles du secondaire sans recourir à l’exercice périlleux et incomplet de la fabrication d’une «mesure» unique par école, une cote ou un indicateur, servant à une mise en rangs hautement médiatisée de l’ensemble des écoles.

Comme le lecteur pourra le constater en effet, il y a pour chaque école, privée ou publique, des élèves, garçons et filles, qui réussissent très bien aux épreuves dont nous avons étudiées les résultats. Il y a aussi pour chaque école, privée ou publique, des élèves, garçons et filles, qui réussissent moins bien aux épreuves du MEQ. Dans la plupart des écoles où le nombre d’élèves qui réussissent moins bien aux épreuves est élevé, il existe une explication relativement simple à cette situation : écoles pour jeunes adultes, écoles pour élèves handicapées, écoles pour lesquelles les indices socio-économique utilisés montrent qu’il s’agit d’écoles où le nombre d’élèves défavorisés est probablement élevé. De la même manière, dans la plupart des écoles où le nombre d’élèves qui réussissent bien est élevé, les liens de la moyenne des élèves de l’école avec les conditions socio-économiques moyens des familles et les liens des résultats avec l’âge des élèves sont aussi assez clairs. Il existe aussi des disparités régionales.

Ainsi, une simple mise en rangs à partir de résultats agglomérées contribue, à notre avis, à obscurcir le portrait d’ensemble et laisse croire à une uniformité des résultats des élèves aux épreuves, peut importe le contexte, en gommant certains succès et certains échecs, induisant alors en erreur les parents et la population qui sont portés à poser un jugement global et trop souvent hâtif sur plusieurs écoles secondaires à partir d’un tel classement. Cependant, il est évident que les élèves de certaines écoles réussissent mieux en moyenne que les élèves d’autres écoles. La responsabilité principale en revient-elle à l’élève et au bagage de compétences développées depuis qu’il fréquente l’école primaire? Aux caractéristiques de sa famille et sa situation économique? À l’école et à son organisation? Ou encore, au processus de sélection qui permet à certaines école de choisir les élèves qui ont le bagage de compétences le plus prometteur?
La réponse est très complexe et ne se trouvera pas, hors de tout doute, dans ce rapport. Ainsi par exemple, comme nous l’avons déjà mentionné la présence d’indices socio-économiques basés sur le seul revenu familial ne fournit pas d’explications univoques sur les différences qui existent entre les élèves quant à leurs performances en salle de classe et encore moins aux épreuves du MEQ.

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BLAIS, Jean-Guy (2003). Étude des différences entre les écoles secondaires du Québec quant aux résultats de leurs élèves à certaines épreuves du ministère de l’Éducation de la fin du secondaire, Rapport de recherche de l'IRÉC, octobre 2003

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