Les entreprises d’économie sociale en aide à domicile : des contributions essentielles pour faire face au vieillissement démographique. Une perspective monographique.

  • Le présent rapport offre un portrait de la contribution des entreprises d’économie sociale en aide à domicile (EÉSAD). Un premier chapitre passe en revue la littérature scientifique consacrée aux enjeux et réalisations depuis la fin des années quatre-vingt-dix, soit depuis la reconnaissance gouvernementale de ces initiatives dans la foulée du Sommet économique de 1996.
  • La réponse du Québec en matière d’aide à domicile supporte mal la comparaison avec les pays de l’OCDE. Un rattrapage majeur s’impose et ce pourrait être l’occasion de faire de l’économie sociale le socle du modèle québécois d’aide à domicile et d’accompagnement du vieillissement. Le recours aux EÉSAD[M2] est le meilleur moyen de contrer l’accroissement des inégalités que provoquent inévitablement les solutions commerciales tournées vers la captation de la demande solvable.
  • Un chapitre est ensuite consacré aux réalités démographiques du vieillissement, réalités qui varient substantiellement d’une région à l’autre. Ces variations dressent des contextes de développement très contrastés pour les EÉSAD. Les besoins vont grandir très rapidement et la capacité des milieux d’y répondre va connaître des contraintes majeures.
  • La situation du vieillissement dans les régions laisse poindre une véritable crise sociale quand on examine le ratio de la population âgée de 65 ans et plus sur la population de 20 à 64 ans, par région administrative au Québec (distribuée en quartile), en 2020. La progression des groupes d’âge des 65 ans va littéralement faire exploser la demande et, de l’autre, la réduction de la part de la main-d’œuvre active dans le marché régional va plomber la capacité des entreprises existantes de maintenir leur offre actuelle et diminuer leurs possibilités de répondre à l’explosion de la demande.
  • Quatre régions se démarquent particulièrement à cet égard. On peut même parler de situation critique dans les cas de la Mauricie, du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie/Îles de la Madeleine et du Saguenay-Lac Saint-Jean. Tout plaide en faveur de la désignation de ces régions comme zones prioritaires d’intervention.
  • Le rapport présente quatre cas d’EÉSAD qui sont particulièrement inspirants et qui illustrent chacun à sa manière le fort potentiel de l’économie sociale et sa capacité de produire des réponses adaptées aux besoins grandissants. Ces entreprises sont : la Coopérative de soutien de Laval, Coup de main à domicile, Aide chez soi et la Coopérative de solidarité de services à domicile du Royaume du Saguenay.
  • L’examen des pratiques et l’expérience des gestionnaires rencontrés ont permis d’identifier un certain nombre de revendications adressées au gouvernement du Québec afin d’améliorer la prestation de services d’aide à domicile et la capacité des entreprises de bien servir leurs usagers. Il s’agit de :
  • réviser des critères du PEFSAD (ajout d’une grille d’évaluation des besoins) ;
  • de bonifier et améliorer le PEFSAD (pour que les personnes puissent utiliser les services dont elles ont réellement besoin pour assurer leur maintien à domicile) ;
  • de financer de manière stable et durable les EÉSAD notamment pour l’embauche de personnel ;
  • de valoriser le métier d’aide à domicile et la formation qui s’y rattache ;
  • d’élargir les collaborations, avec les OMH, les ONBL d’habitation ou les petites résidences privées pour aînés et
  • d’établir des plans d’action régionaux en soutien à domicile, qui concerteraient les initiatives en place et éviteraient les chevauchements.
  • Les auteurs estiment néanmoins qu’une réforme en profondeur devrait aller au-delà de ces modalités administratives et revoir la prestation de service dans un cadre plus large et dégagé des perspectives trop étroites du modèle hospitalo-centrique dans lequel il reste actuellement encastré.
  • Cette réforme pourrait trouver ses contours à la suite d’un vaste exercice de consultation à tenir dans chaque région. Ces consultations devraient permettre de faire converger les préoccupations et objectifs de l’ensemble des intervenants communautaires agissant dans l’un ou l’autre des domaines de soutien et de prise en charge (popote roulante, service de répit, loisir, veille et lutte à l’isolement, etc.) Ces exercices régionaux devraient culminer dans des assises nationales.

Les auteurs suggèrent que cet exercice soit placé sous l’égide du Ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale à qui devrait, estiment-ils, incomber la responsabilité d’encadrer et de coordonner l’ensemble des mesures de prise en charge de l’aide à domicile et du vieillissement.

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