La connaissance comptable est un problème théorique. Les théories de la connaissance sont des inventaires raisonnés des méthodes de la pensée pour connaître. La connaissance comptable doit apparaître comme un problème exigeant de toutes les théories. Les sciences comptables le reconnaissent depuis un temps, déjà: il est toujours actuel d'élaborer des savoirs sur les manières de connaître la comptabilité. La question de la Technique, plus singulièrement la question de la technique du contrôle comptable est proposée comme fil d'Ariane, comme vigilance première à une épistémologie de la Science, et ici à une épistémologie de la science de la comptabilité, tout court, puis selon une science de la comptabilité organisationnelle et du contrôle de gestion. Les concepts de la «technique» et du «contrôle» se sont posés à nous comme l'archè et le telos d'une démarche de constitution de la connaissance afin de répondre plus judicieusement au cadre d'une thèse en épistémologie des sciences. Le vocable «technique de contrôle comptable» devient une épistémè que nous ne cesserons de décliner dans ses plis et replis pour examiner, chaque fois, en diagonale, une problématisation de concepts susceptible de la présenter comme un objet d'étude. Plus généralement, l'orientation globale de ces propositions montre cette technique comptable générique comme ce qui affirme la communication des différences du Capital par disjonction qui synthétise, par l'unification de sa dispersion, par la division de sa convergence: elle donne à penser les usages et les transfigurations du Capital en excentrant infiniment ses prédicats et en s'ajustant à l'unité de sens du multiple de tous ses états de nature qui se ramifient d'une même voix, délivrée du Moi, du Monde, d'une seule tonalité qui fait la clameur de l'Être du Capital. Parce que la technique comptable est une ontogenèse qui débouchera, tardivement, sur le monde de la science, parce que la technique comptable est transductive, c'est-à-dire qu'elle se dédouble en s'ajoutant, en ajoutant et en advenant, enfin parce que la comptabilité en général double le réel, se double et se dédouble dans l'individu depuis des milliers d'années, nous resterons fidèles à cette méthode de dramatisation du Capital dans l'Être, en sa résonance à l'évènement de répétition des choses et de différence des choses, et de nous s'efforcer, à travers les échos, les reprises et les variations épistémologiques que nous proposons, de présenter une ontologie de la comptabilité en parallèle à une épistémologie comme préalables réflexifs à la démarche scientifique. Notre épistémologie propose des concepts, propose des examens de concepts, propose d'autres regards sur des concepts, mais elle crée surtout des concepts pour le développement de la comptabilité. Nous proposons donc, en quelque sorte, une théorie par création de concepts, qui serait de l'ordre de l'epokhế, qui jouerait le rôle de mise à distance de ce que fait la pensée scientifique à, ou à partir de, la pensée technologique comptable; une théorie qui servirait ainsi à des opérations de libération, à des actions de neutralisation des idées, concepts et autres emprunts s'inscrivant dans des traditions de pensée fermée, dans des mondes incompossibles les uns avec les autres. Cette thèse est, par conséquent, une étude exploratoire qui agence des fragments précaires de vérités sur la connaissance issue d'une volonté de savoir autour de notre objet pour les fondre dans trois formes épistémologiques, formes vues comme contenant une panoplie d'outils de réflexion que nous présentons comme des séries de propositions de concepts.