L’objet d’étude de cette thèse porte sur le risque de liquidité de financement en devises. Plus particulièrement, le niveau d’exposition au risque de liquidité afférent au financement en devises étrangères des institutions bancaires canadiennes ainsi que de son impact sur la stabilité financière pour la Banque du Canada sont à l’étude.
La problématique managériale a été mise à jour par la crise financière mondiale de 2007-2009, révélant à quel point les sources de financement des banques peuvent devenir instables. Des pressions importantes ont été observées sur les marchés internationaux du financement en dollars américains. La crise financière a également eu d’importantes répercussions au niveau de la réforme du système financier international et de la mise à jour du cadre de gestion des risques de liquidité du Comité de Bâle sur le contrôle bancaire. Le risque de liquidité de financement est une composante importante du point de vue de la stabilité financière. Et plus spécifiquement, la problématique associée au financement en devises pour une banque centrale est liée au fait qu’elle ne puisse émettre des liquidités en devises étrangères, suggérant ici la pertinence du sujet du point de vue des organismes de supervision prudentielle.
L’objectif général de la recherche consiste à identifier des outils de mesure permettant de quantifier le niveau d’exposition au risque de liquidité afférent au financement en devises étrangères en général, et en dollars américains en particulier, des grandes banques canadiennes et d’en évaluer l’incidence sur la stabilité financière du système financier canadien. La mise en œuvre du cadre opératoire permet d’identifier, en utilisant le concept de causalité à la Granger, une série de variables explicatives, en lien avec le risque de liquidité de financement en devises, dont le contenu informationnel contribuerait à améliorer l’explication de l’indice de tension financière pour le système financier canadien utilisé en tant que mesure de stabilité financière.
Dans une perspective macroprudentielle, quatre mesures en lien avec les créances étrangères en devises et en dollars américains et deux mesures en lien avec la position nette en devises possèdent des relations significatives de causalité à la Granger avec l’indice de tension financière de la Banque du Canada. Cependant, les résultats ne permettent pas d’identifier des relations significatives de causalité à la Granger entre les mesures directement en lien avec le niveau des engagements étrangers en devises ou en dollars américains. Ainsi, en terme de causalité et en fonction des mesures identifiées, le niveau du financement étranger ne serait pas à l’origine de l’instabilité financière telle que mesurée par l’indice de tension financière de la Banque du Canada.
Dans une perspective microprudentielle, les résultats de tests ont permis de scinder les six grandes banques canadiennes en deux groupes distincts. Un premier groupe, composé d’institutions pour lesquelles aucun lien significatif de causalité n’a été identifié, pour les six mesures précédemment identifiées. Le second groupe est composé d’institutions pour lesquelles un nombre non négligeable de mesures affichent des relations significatives de causalité avec l’indice de tension financière de la Banque du Canada.
Cette thèse contribue à l’enrichissement des connaissances en lien avec les concepts inhérents au niveau d’exposition au risque de liquidité de financement en devises étrangères des grandes banques canadiennes en identifiant des outils de mesure dérivés de leur incidence en terme de causalité sur la stabilité financière du système financier canadien.
Mots Clés : banques canadiennes, devises étrangères, risque de liquidité de financement, stabilité financière