Comment le contrôle étatique sur l’économie se répercute-t-elle sur la démocratie au Moyen Orient? Une économie sous l’égide de l’État peut-elle être une entrave ou un catalyseur pour la démocratie? En utilisant la méthode de « most-similar systems », cette étude de cas comparative vise à s’enquérir sur les trajectoires démocratiques respectives de l’Iran et de la Turquie, deux pays qui se ressemblent aux plans culturel, historique et social. Se focalisant surtout sur la période d’entre 1980 et 2005, cette étude va chercher à savoir pourquoi l’Iran a pris un recul au plan démocratique après la révolution de 1979 alors que la Turquie a réussi à maintenir sa démocratie malgré ses failles inhérentes. Ce travail dirigé va commencer par exposer les arguments clés sur le retard démocratique au Moyen Orient avec une emphase sur la place qu’occupe l’économie sous le contrôle étatique dans ces débats. Ensuite, par l’entremise des théories existantes sur l’importance de l’État dans la compréhension de la trajectoire démocratique (surtout l’ouvrage de « Bringing the State Back in » de Skocpol, Rueschemeyer et Evans), ce travail démontrera que les rentes pétrolières à la disposition de l’État iranien lui ont permis d’acheter la loyauté de certains de ses citoyens en plus d’investir dans un appareil coercitif répressif. Par conséquent, la classe moyenne était incapable de former des contrepouvoirs vis-à-vis de l’État. À contrario, l’absence des rentes pétrolières en Turquie et la dépendance de l’État envers la taxation de ses citoyens ont créé une classe moyenne plus forte, représentée par un secteur privé puissant qui a constitué une forme de contrepouvoirs. C’est cette classe moyenne qui a poussé pour des réformes démocratiques en Turquie en vue d’adhésion à l’Union Européenne.