COMMUNIQUÉ

Usine de défibrage au Bas-Saint-Laurent : le projet franchit une étape supplémentaire

Usine de défibrage au Bas-Saint-Laurent : le projet franchit une étape supplémentaire

Rimouski, le vendredi 5 août 2022 – Des agriculteurs et des entrepreneurs du Bas-Saint-Laurent joignent leurs efforts à ceux des chercheurs de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) en vue de concrétiser le projet d’usine de défibrage industriel de lin et de chanvre dans la région. Amorcé en 2020, ce partenariat a franchi une nouvelle étape avec la tenue hier après-midi d’une journée de démonstration aux champs pour les personnes intéressées par le développement de la filière des plantes à fibre.

« C’est vraiment encourageant de voir des projets comme ça aller de l’avant. Le chanvre pousse bien et cadre bien avec la machinerie qu’on a déjà sur la ferme. Une fois l’usine construite, ce sera une opportunité de diversifier nos sources de revenus », souligne Sylvain Bérubé, producteur laitier et propriétaire de la ferme Flots Bleus.

À l’occasion de cette journée de démonstration, plusieurs producteurs agricoles et entrepreneurs des quatre coins du Québec se sont donné rendez-vous pour constater les résultats des tests de travail du sol et de fertilisation menés conjointement par JMP Consultants et la Ferme Flots Bleus où trois hectares de chanvre ont été semés pour mener à bien les essais.

« Les essais réalisés à la ferme Flots Bleus cet été marquent une étape importante pour l'implantation d'une usine de défibrage. Ce projet est actuellement très rassembleur. Il unit les efforts de deux MRC, de producteurs agricoles, des entreprises spécialisées dans des écomatériaux et des centres de recherche. Avec l'expertise en place, on est confiant pour la suite », se réjouit David Dupont, chercheur à l’IRÉC. L’agriculture du Bas-Saint-Laurent reposant pour une large part sur l’élevage, les promoteurs du projet aspirent à une diversification de la production agricole régionale, explique-t-il en substance.

La culture du chanvre se fait sur un cycle de 90 jours, explique l’agronome Yan Gosselin, également conseiller en vie syndicale à la Fédération de l’UPA du Bas-St-Laurent. « On sème le chanvre à partir de la mi-mai lorsque la température du sol est encore aux environs de 10 degrés et puis on le récolte au milieu du mois d’août après une semaine de rouissage », mentionne-t-il. « Idéalement pour la culture du chanvre, on va préférer un sol «propre», c’est-à-dire un sol dans lequel il n’y a pas trop de cailloux. Comme il s’agit d’une culture qui nécessite un apport constant en azote, c’est bien important d’amender le sol à l’aide de l’épandage de fumier. À l’heure actuelle, les expériences menées présentent des résultats concluants pour ce qui est de la culture du chanvre », a-t-il ajouté.

Les résultats ne sont pas seulement positifs du point de vue agronomique, mais aussi d’un point de vue économique. Selon l’Institut de recherche en économie contemporaine, il existe un fort potentiel pour le développement de cette filière au Bas-Saint-Laurent. « La fibre de chanvre est déjà utilisée par des industriels au Québec et ces entreprises regardent avec intérêt les tests réalisés cet été. En unissant nos efforts avec les producteurs de lin, on voit qu’il y a des avenues intéressantes en matière de développement économique », explique David Dupont, chercheur à l’IRÉC. « D’après nos estimations, à partir d’une surface cultivée de seulement 300 hectares annuellement, la construction et l’opération d’une usine de défibrage seraient rentables. C’est peu quand on considère que le Bas-Saint-Laurent compte pour près de 335 000 hectares en surface agricole », fait-il remarquer. La construction d’une usine de défibrage industriel permettrait la création de trois emplois permanents en plus de faciliter le développement des entreprises de fabrication de produit à composante végétale dans le secteur.

Ainsi, pour Sébastien Bélec, fondateur de Matériaux écologiques pour la maison, le développement d’une filière du chanvre représente une opportunité de développement des affaires. « Le chanvre présente plusieurs propriétés isolantes très pratiques dans la construction de bâtiment. Par exemple, avec la chènevotte, donc les déchets ligneux de la tige, on peut fabriquer du béton et des enduits isolants », précise-t-il.

La construction d’une usine de défibrage ne bénéficierait pas seulement à la production naissante de chanvre dans la région, mais aussi à ses producteurs de lin. Rappelons qu’en 2020, la coopérative Inno-lin s’était associée à Simplex location d’outils et à l’IREC pour permettre la venue d’une défibreuse expérimentale afin de vérifier la faisabilité du projet. Après la journée de démonstration, les prochaines étapes du projet s’échelonneront encore sur quelques années avec l’installation d’ici un an et demi d’une usine de défibrage de calibre intermédiaire et enfin la construction d’une usine de défibrage industriel pouvant traiter une tonne de paille à l’heure, moyennant un investissement de 2 M$.

« Plus il y a d’hectares en production, plus l’usine de défibrage serait rentable, mais toujours dans une optique de gestion des coûts de transport. En somme, il s’agit vraiment d’un projet dont les retombées économiques pour la région pourront se démultiplier, considérant les usages possibles de ces plantes. Au surplus, l’usine permettra de développer des entreprises qui contribueront par leur production à réduire notre empreinte carbone. C’est exactement dans ce créneau de développement qu’on s’inscrit chez nous à l’IRÉC », a conclu le chercheur David Dupont.

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Source : Louis-Philippe Sauvé

Institut de recherche en économie contemporaine

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