Le soyer d’Amérique et la filière des nouveaux matériaux - Une innovation porteuse pour le monde rural québécois

Les perspectives qu’offre la transition écologique pour mettre de l’avant de nouveaux modèles économiques sont nombreuses et importantes. Un peu partout au Québec, des initiatives porteuses dans le domaine des ressources agricoles et naturelles émergent, misant tantôt sur des formules institutionnelles structurantes, tantôt sur des procédés et des produits innovateurs, tantôt sur les deux. Ces initiatives sont susceptibles d’assumer d’importantes fonctions économiques dans la grande transition qui s’amorce.

Trop souvent cependant, des obstacles se dressent entre le potentiel et le réalisable. Les beaux discours sur l’innovation ne suffisent pas toujours à vaincre l’inertie des appareils et le confort intellectuel du statu quo. Cela se manifeste en particulier lorsque vient le temps de faire passer les projets à des échelles industrielles. Deux de ces obstacles sont particulièrement redoutables : le premier renvoie aux façons de voir et aux pratiques des institutions économiques, en particulier financières, appelées à soutenir le déploiement d’une filière à l’échelle locale et régionale. Le second met en jeu la capacité et les moyens de concertation requis pour une coordination efficace des acteurs et ressources nécessaires pour agir sur toute la chaîne de valeur. Il s’agit là de deux défis cruciaux pour le succès d’une politique de l’innovation applicable dans des secteurs aux tout premiers stades d’émergence. Pour concrétiser la transition écologique et énergétique, il faudra collectivement faire preuve d’ingéniosité et de détermination pour mettre en commun des idées, des expériences pratiques et des instruments qui, la plupart du temps, évoluent séparément.

La filière des nouveaux matériaux offre un important potentiel en même temps qu’une illustration éloquente de ce qu’il y a à faire pour réaliser ce potentiel, pour le traduire en projets viables. Cette filière émergente a trouvé dans la culture de l’asclépiade, aussi connue sous le nom de soyer d’Amérique, une base de développement destinée à s’étendre à plusieurs régions du Québec. Les acteurs économiques qui ont jeté les bases de cette filière émergente ont mis de l’avant un modèle de développement qui pourrait s’avérer structurant pour les collectivités rurales, les producteurs de métier, mais aussi pour la relance de pans entiers de la structure manufacturière du Québec. Ce modèle est aujourd’hui à une croisée des chemins.

L’objectif de cette note d’intervention est de mieux faire connaître cette culture émergente, son potentiel pour le développement de l’agriculture dans les régions éloignées, ainsi que les éléments du modèle économique qui l’a accompagné jusqu’ici. Une meilleure connaissance de cette filière émergente est une condition essentielle pour optimiser la coordination de ses segments économiques, mais aussi pour mettre en évidence les mesures d’accompagnement et de soutien nécessaires à l’amélioration de son modèle d’affaires et de ses conditions d’insertion dans les marchés.


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LAPLANTE, Robert (2017). Le soyer d’Amérique et la filière des nouveaux matériaux - Une innovation porteuse pour le monde rural québécois, Note d'intervention de l'IRÉC no 53, avril 2017

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