Portrait 2016 de la finance responsable

Ce rapport est le quatrième portrait de la finance socialement responsable (FSR) au Québec. À travers les années, plusieurs organisations et plusieurs personnes ont participé et soutenu cette entreprise unique de recherche et de caractérisation de la finance responsable. Encore aujourd’hui, ce portrait reste la seule évaluation méthodique dans ce domaine au Québec, placement et investissement responsables confondus. Depuis le tout premier portrait, en 2006, plusieurs choses ont changé dans le monde de la finance responsable, et pas seulement en ce qui a trait aux montants investis. Les définitions mêmes de ce qui est considéré comme de la finance responsable ont évolué. Grâce à nos portraits successifs, la finance solidaire et le capital de développement sont aujourd’hui largement considérés comme des éléments essentiels de la finance responsable, dans sa composante investissement. Plus récemment, certaines organisations ont adopté la notion d’investissement d’impact qui réfère aux pratiques financières qui ont des retombées socioéconomiques directes. Du côté des stratégies aussi les choses ont changé, notamment dans le domaine du placement, les fonds dits «éthiques» étant de plus en plus délaissés au profit de l’analyse environnementale, sociale et de gouvernance (ESG) et de l’engagement actionnarial.

La finance responsable est par ailleurs de plus en plus vue dans nos sociétés comme étant non seulement une force positive, mais aussi tout à fait rentable. La conscientisation croissante face à des phénomènes de délocalisation, de financiarisation ou simplement au regard des enjeux de changements climatiques, a mené les analystes et les investisseurs à voir la gestion des enjeux ESG comme des opportunités de mieux gérer les risques financiers. Devant la possibilité de chocs climatiques ou simplement de boycottage, il devient rationnel de vouloir diminuer les risques liés à certains choix d’investir ou de placer son épargne, ou l’épargne de ses commettants. La familiarisation croissante des acteurs avec les enjeux de finance les a aussi amenés à entrevoir des méthodes de financement alternatives. Le microcrédit, les obligations communautaires, le sociofinancement ou le financement participatif sont autant d’innovations qui viennent réencastrer la finance dans la société. Bref, de plus en plus, les finances — d’une famille, d’une organisation ou d’une société — deviennent quelque chose que l’on entrevoit, que l’on gère, à travers un prisme de valeurs qui va au-delà du rendement financier, malgré l’importance de ce dernier. C’est ça, la finance responsable.

Évidemment, tout n’est pas rose. Trop souvent, on prend en compte des facteurs environnementaux et sociaux, mais seulement d’une manière cosmétique. La finance responsable offre parfois une caution facilement acquise pour des investissements qui peuvent être malavisés. Cela dit, personne ne prétend que la situation est parfaite. La vigilance, mais surtout l’imagination doit être de mise pour que la finance responsable puisse, encore, innover et apporter des solutions originales aux problèmes financiers de notre temps. Une discussion entre les parties prenantes reste par ailleurs essentielle pour un développement raisonné de la finance responsable. Ce portrait vise à informer cette discussion.


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DOSTIE, Claude Jr (2017). Portrait 2016 de la finance responsable, Rapport de recherche de l'IRÉC, octobre 2017

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