De l'opium aux amandes : perspectives pour une approche glocalisée du développement au sein de la province de Kandahar (Afghanistan).

La trajectoire historique de l’Afghanistan est caractérisée par de longues périodes en vase clos entrecoupées de brusques épisodes d’incursions étrangères. Au lendemain du 11 septembre 2001, les Afghans furent à nouveau projetés dans l’arène mondiale. Leur pays, qui émerge lentement de décennies de conflits armés, est habité par un peuple résilient et fier qui doit maintenant s’adapter à la réalité de la mondialisation. L’agriculture afghane, jadis à l’origine des plus grandes exportations fruitières du monde, s’est progressivement métamorphosée au cours des années pour laisser de plus en plus de place à la culture du pavot. Face à la dislocation de l’État, à l’absence de système bancaire, à l’augmentation de la population et à la diminution de la production céréalière, les Afghans n’ont eu d’autre choix que d’avoir recours, souvent à contrecœur, à cette économie informelle. Ce mémoire explore le contexte historique et culturel de l’Afghanistan dans le but de déterminer de quelle façon le Canada, impliqué depuis 2002 dans la reconstruction de l’État, pourrait contribuer davantage à la mise en place de conditions propices à la revitalisation de l’agriculture dans la province de Kandahar. Remettant d’abord en cause les fondements du modèle actuel de sécurité-développement reposant sur le principe de la « tache d’encre », lui-même un avatar du modèle des pôles de croissance, l’auteur propose une perspective alternative basée sur le modèle théorique de la glocalisation. Une telle approche, qui vise l’intégration des produits d’une économie traditionnelle et culturellement viable au sein des marchés mondiaux, aurait l’avantage de remplacer la culture du pavot par des produits légitimes pour lesquels la demande mondiale et la valeur marchande sont fortes. Une étude de cas reposant sur la production d’amandes servira à illustrer ce postulat. Il sera finalement suggéré qu’une telle stratégie, qui pourrait être favorisée à l’aide des ressources canadiennes actuellement attribuées à l’Afghanistan, est vraisemblablement la meilleure approche dont disposent les Kandaharis pour atteindre une autonomie économique durable. Cette indépendance économique durable contribuerait à réduire la dépendance des Afghans envers la culture du pavot et, de façon ultime, à améliorer leurs conditions de vie et à leur permettre de redevenir maître de leur destinée.

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