Économie coopérative et formes de connaissance. Analyse de l'enracinement cognitif au fondement des représentations sociales de l'activité financière dans les caisses d'économie au Québec (1945-1996)

Cette thèse s’intéresse à l’origine et au développement d’une forme d’économie coopérative concurrentielle aux caisses populaires au Québec, i.e. les caisses d’économie. Au niveau théorique, elle vise à appliquer et à approfondir la perspective de la New Economic Sociology (NES). La démonstration de l’enracinement social de l’économie est ici abordée non pas d’un point de vue structurel (à l’exception du chapitre 3.71) mais plutôt à partir de l’analyse des formes sociales de connaissance (« enracinement cognitif »). D’un point de vue analytique, le social vient définir l’économique comme forme sociale par l’enracinement de cette rationalité formelle dans des représentations définies ici comme formes de connaissance et construisant le sens de l’activité. La question de départ se formule ainsi: Quelle est la forme et le contenu de l’enracinement cognitif de la rationalité économique dans les représentations sociales d’épargne et de crédit constituées au sein des institutions coopératives en milieux de travail? L’histoire de l’origine de la Fédération des Caisses d’Économie du Québec (FCÉQ) rend possible l’identification de représentations sociales qui sont d’ordre culturelle, politique, religieuse, et économique, ayant contribué à son émergence et son développement. Ces représentations peuvent être posées comme étant caractéristiques de la FCÉQ mais également de la société québécoise en général qui y est décrite et qu’il est dès lors possible d’expliquer. La description du développement de la FCÉQ demeure un observatoire à partir duquel l’on peut examiner la transition qu’a connue cette société à partir de la Révolution tranquille, i.e. le processus par lequel émergera la dimension économique comme vecteur d’orientation des pratiques. L’analyse des discours contenus dans les bilans annuels de la FCÉQ permet de dresser le portrait d’une transformation générale qu’a connue cette organisation coopérative, de sa fondation en 1962 jusqu’en 1996. Les traces historiques que sont ces discours publics viennent fonder cette description où la forme sociale coopérative se transformera, passant d’une forme politique (1962-68) puis juridique (1969-72), à une forme marquée par la dualité Individu (1973-84) / Groupe (1979-84), dont la forme associative (1985-96) tentera la ré-articulation par la suite. L’étude des procès-verbaux de la caisse des pompiers de Montréal a permis de mettre en évidence son émergence du point de vue d’une forme d’enracinement cognitif de type religieux (1945 à 1967) : dans cette section est proposée une perspective sociologique visant la démonstration d’une forme d’adéquation entre l’éthique catholique et la forme coopérative d’économie. De 1968 à 1974, ce sera un discours moral et humaniste qui viendra caractériser la représentation sociale de l’économie. Enfin, pour les cinq dernières années consultées, on peut constater l’émergence d’un point de vue économique gestionnaire qui deviendra dominant (1975-1980). Le cas de la caisse de l’Érable de Plessisville a été incorporé à la thèse dans le but d’observer la construction du jugement dans l’octroi de crédit. Dans ce cas, nous avons examiné comment était représenté le jugement dans l’octroi de crédit, et l’enracinement structurel des pratiques dans des rapports sociaux de parenté et d’alliance.

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