Ce mémoire examine l’endettement bancaire des étudiants québécois et ses rapports avec la financiarisation du capitalisme. Nous définissons la financiarisation comme un processus de bancarisation de la reproduction économique des salariés depuis les années 1970. À partir de cette décennie, le crédit à la consommation financé par les groupes bancaires est venu se substituer à la couverture providentielle de l’État keynésien en retrait en multipliant les relations d’endettement bancaire sur cartes de crédit, hypothèques, etc. Par le résultat de la privatisation du financement de la reproduction économique et de la précarisation de l’emploi, l’endettement bancaire est devenu un pilier essentiel des stratégies de reproduction économique des salariés nord-américains. L’importance croissante de l’endettement des salariés dans le bilan des banques ainsi que l’autonomisation financière de leurs clients traditionnels a profondément transformé les techniques de gestion de la dette, notamment par la diffusion des pratiques de titrisation. Tentant de ressaisir théoriquement l’endettement bancaire des salariés dans ses multiples composantes empiriques, nous définissons la monnaie comme rapport social d’endettement et l’économie capitaliste comme circuit financier opérationnalisant la circulation de la dette corporative durant la période fordiste du capitalisme et celle des salariés sous la financiarisation, suivant l’économie politique post-keynésienne et circuitiste. Nous montrons le rôle joué durant la financiarisation par la transformation néolibérale des techniques de gouvernement des populations que nous définissons comme gouvernementalité de l’endettement. Examinant l’histoire du circuit financier québécois à travers une étude de cas de la Fédération des caisses Desjardins, nous établissons l’existence d’un circuit financier québécois caractérisé par la place importante du secteur public dans la garantie offerte aux relations d’endettement générées par les institutions financières privées. En montrant la réalité d’une restructuration néolibérale et financiarisée de l’économie canadienne et québécoise, nous examinons l’endettement étudiant québécois pour le mettre en rapport avec la financiarisation du capitalisme et son organisation institutionnelle en circuit. Nous concluons que l’endettement étudiant bancaire public, au Québec, répond de la configuration institutionnelle du circuit financier québécois et que l’endettement sur les produits de crédit privés correspond à une instance d’endettement provoquée par la précarisation des conditions de reproduction économique, leur publicité indiquant la place qu’y occupe les techniques néolibérales de gouvernementalité.
MOTS CLÉS : Endettement, banques, financiarisation, circuit financier, reproduction économique