LA DÉCROISSANCE : UNE THÉORIE À CONTRE-COURANT

Ce mémoire est orienté sous forme de discussion autour d’enjeux chers au courant de la décroissance, à savoir la critique du développement capitaliste et de son bilan mitigé en termes écologiques et sociaux notamment. En plus de constater une dégradation environnementale sans précédent et toujours en progression, les auteurs associés à ce courant relatent une montée des inégalités qui leur fait poser un regard critique sur l’objectif du développement largement dominant en économie politique. Non seulement les inégalités entre pays riches et pauvres se creusent, mais la même logique est de plus en plus observable au sein même de pays plus aisés. S’ajoute à cette dynamique l’aspect de l’inégalité intergénérationnelle, c’est-à-dire que notre consommation de ressources non renouvelables combinée à la pollution engendrée par ce processus constituera un défi sans précédent pour les générations futures. Pour appuyer cette critique, on se base sur le concept d’entropie développé par Nicholas Georgescu-Roegen, qui stipule la non-réversibilité des processus thermodynamiques. Cela signifie que toute énergie consommée l’est irrémédiablement, sauf en ce qui concerne l’énergie solaire, qui demeure sous-utilisée dans les faits. Dans cette optique, la question de recherche de ce mémoire sera : la décroissance peut-elle représenter une alternative concrète au développement basé sur la croissance?

Or, il nous est permis de conclure que la décroissance ne représente pas à l’heure actuelle une alternative viable au développement capitaliste, et ce pour deux raisons essentiellement économiques. La première est qu’il ne peut être envisagé de décroissance économique sans récession, et tous les effets néfastes qui l’accompagnent inévitablement. La seconde tient à l’incompatibilité du capitalisme avec l’absence de croissance. La relation de crédit entretient l’obligation de croître, au même titre que tout investisseur compte sur une croissance pour réaliser des profits et ainsi survivre, ce qui permet de créer de l’emploi. De plus, la possibilité de s’engager dans un capitalisme sans croissance apparaît irréalisable, puisque tout crédit appelle à une croissance, sans laquelle le remboursement est impossible. Or, aucun acteur n’est dispensé du crédit, au premier chef les États dont la dette est en pleine explosion à l’heure actuelle.

Il n’en demeure pas moins que les critiques soulevées tout au long de ce mémoire méritent une prise en compte plus sérieuse de la part des décideurs politiques, qui doivent trouver un terrain d’entente afin de contrer les effets écologiques et sociaux patents en lien avec le développement sous sa forme actuelle. Organisé en trois chapitres, ce mémoire présente en premier lieu les différents aspects de la critique de la croissance, avant d’aborder certaines expériences empiriques pertinentes, pour terminer avec une analyse critique des débats engendrés par la décroissance.

Mots clés : Décroissance, développement, capitalisme, croissance, ville en transition, cohabitat, pic pétrolier.

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