Le 19 octobre 2015, le Canada subit sa deuxième « Trudeaumanie » et élu Justin Trudeau comme premier ministre, formant ainsi un gouvernement majoritaire Libéral. Revirement assez spectaculaire, car le Parti libéral du Canada avait terminé troisième lors des dernières élections. On utilisa l’expression « Trudeaumanie » pour la première fois lorsque Pierre-Elliot Trudeau, le père de Justin, entra au pouvoir le 14 décembre 19671. À cette époque, l’homme exerce une influence considérable sur la population canadienne et sera à la tête du Canada pour près de 20 ans. Comment expliquer ce phénomène ? Certaines personnes maîtrisent un pouvoir d’attraction sur les autres et cela se traduit en comportement grégaire chez la population affectée. Sans même le savoir, certains d’entre nous délaisseront leurs convictions et se laisseront emporter par des mouvements populaires politiques. La vague orange au Québec à l’élection fédérale de 2011 et la popularité de Barack Obama en 2008 aux États-Unis, en sont aussi deux bons exemples. Ce genre de comportement est naturel et peut se refléter dans d’autres sphères que la politique. Par exemple, dans le domaine de l’investissement, certains gestionnaires délaisseront leur information privée afin de copier celle des autres. On peut donc imaginer que plus un gestionnaire est admiré au sein d’une communauté et habile afin de propager ses décisions d’investissements, plus il a de chance d’exercer un pouvoir d’attraction sur les autres.
L’objectif général de cette recherche consiste à étudier le comportement et l’interaction entre les gestionnaires de fonds commun de placement (ci-après FCP) en utilisant des mesures obtenues à l’aide de la théorie des réseaux. Plus précisément, l’emphase sera mise sur le comportement grégaire des gestionnaires de FCP. Ce comportement consiste essentiellement à l’aliénation d’une décision d’investissement en fonction des agissements des autres, c’est-à-dire l’imitation du comportement d’autrui. La littérature est déjà assez riche sur le sujet, mais les conclusions diffèrent selon la méthode utilisée. Par contre, la théorie des réseaux est une méthode rarement utilisée pour expliquer le comportement grégaire. Pourtant, les outils que comprend cette théorie peuvent expliquer certaines interactions entre les différents gestionnaires de FCP et peuvent dévoiler des phénomènes qui ne peuvent pas être expliqués à l’aide de méthodes conventionnelles. L’identification de communautés et de hubs en sont de bons exemples. Brièvement, pour former un réseau, les fonds doivent être reliés entre eux par l’entremise d’une action qu’ils ont en commun, formant ainsi un gigantesque réseau complexe bipartite (à deux niveaux). La théorie des réseaux peut alors s’appliquer et les avenues de recherche sont illimitées.