Au printemps 2008, la faillite de la banque américaine Bear Stearns de même que des banques européennes Northern Rock et Landesbank Sachsen sèment l’émoi parmi les investisseurs. Tel un coup de gong, ceux-ci sont réveillés abruptement par la situation financière mondiale précaire. Les années de croissance soutenue semblent bel et bien terminées. Par effet de ricochet, les investisseurs décident de scruter avec attention l’état des finances publiques des pays développés. Parmi ceux-ci, la Grèce, l’Italie, l’Espagne et le Portugal attirent particulièrement les regards. Dès l’automne 2008, les écarts de taux de rendement exigé sur les obligations de dette souveraine de ces pays s’envolent pour atteindre des sommets entre 2009 et 2012.
Alors que l’indifférence quant à l’état des finances publiques a marqué la période 2004-2008, qu’est-ce qui a poussé les investisseurs à réagir si fortement à partir de l’automne 2008 ?
Ce mémoire cherche à répondre à la question qui découle de cette interrogation : les investisseurs obligataires sont-ils irrationnels ? Pour y parvenir, sept hypothèses sont testées afin d’évaluer le comportement des investisseurs. L’objectif est de déterminer si leurs réactions ont été basées sur des raisons logiques et rationnelles ou bien des décisions prises sur le coup de l’émotion et de l’irrationalité.
Au final, le test des sept hypothèses indique que les investisseurs sont irrationnels. Les petits investisseurs ont tendance à aligner leurs décisions d’investissement sur les grands investisseurs. Les grands investisseurs ne peuvent pas se fier aux agences de notation de crédit pour évaluer la situation financière d’un débiteur, car elles accusent généralement un retard dans leur revue de notation. Par-dessus tout cela, les investisseurs ont la fâcheuse habitude de sombrer dans une exubérance irrationnelle, à travers laquelle ils ne distinguent plus les risques entre les différents actifs financiers sur le marché.