Compressions dans les cégeps : vers un réseau à deux vitesses?
À l’occasion du dépôt du dernier budget du Québec en mars 2015, le président du Conseil du trésor s’enorgueillissait de l’« exercice de rigueur budgétaire » qu’il imposait aux ministères et organismes. Au nom de cette rigueur, des compressions de l’ordre de 19,2 millions1 de dollars ont été imposées au budget de fonctionnement 2015-2016 des cégeps2. Cette réduction a rendu difficile le maintien des standards de qualité auxquels les établissements avaient habitué leurs étudiants. Pour l’ensemble du personnel du réseau collégial et pour les étudiants, c’est sous le signe de l’austérité que s’est donc déroulée la rentrée.
C’est pour mieux cerner les effets concrets de ces compressions sur les services aux étudiants que la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) a mandaté l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC).
Le présent rapport ne prétend toutefois pas fournir un portrait exhaustif de l’impact de ces compressions. Il aurait fallu, pour ce faire, non seulement des ressources très considérables, mais encore et surtout des données et des informations qui ne sont guère accessibles. C’est le cas en particulier de l’information relative à l’impact des compressions sur les services aux étudiants, réduits ou éliminés depuis trois ans3. Sans négliger la présentation de cas concrets de réduction de services aux étudiants, l’intention ici est d’abord de chercher à identifier quelques-uns des grands facteurs qui permettent de comprendre en quoi les tendances financières, budgétaires, économiques et démo-graphiques ont affectées, affectent et affecteront les orientations du développement des cégeps. Plus particulièrement, le rapport montre que les actuelles compressions nuisent particulièrement aux cégeps situés dans des régions qui peinent à maintenir leur nombre d’habitants depuis une dizaine d’années. Cet état de fait laisse présager le développement d’un réseau d’enseignement collégial à deux vitesses dans lequel ceux qui étudient dans des régions en décroissance démographique risquent de recevoir une formation de moins bonne qualité en raison des compressions budgétaires.