Les incubateurs d'entreprises agricoles au Québec : Pour une approche concertée du développement
Depuis une dizaine d’années, les incubateurs d’entreprises agricoles se sont multipliés au Québec, de sorte que l’on en compte aujourd’hui dix en activité et plus d’une vingtaine à l’état de projet. Pour cause, les incubateurs répondent à plusieurs enjeux posés par la situation actuelle de l’agriculture au Québec et par son devenir : la formation et l’établissement de relèves de plus en plus non issues de familles agricoles, le renouvellement du modèle du propriétaire-exploitant, le maintien de masses critiques de producteurs dans les filières existantes et la valorisation de terres en friche. Ce sont là que quelques-uns des défis que doit relever l’agriculture québécoise, dont les entreprises, faut-il le rappeler, jouent un important rôle dans l’occupation dynamique du territoire et la vitalité dans de nombreuses communautés.
Même s’ils sont appelés à être des vecteurs de dynamisme pour l’activité agricole, les incubateurs ne se retrouvent pas dans une situation optimale. De fortes disparités existent dans les moyens dont ils disposent et, par voie de conséquence, dans les résultats qu’ils obtiennent. Plusieurs d’entre eux rencontrent des difficultés financières notables qui compromettent la pérennisation de leurs activités et affectent la qualité des services qu’ils proposent. En outre, ils n’entretiennent que très peu de liens entre eux, de sorte qu’une concentration territoriale près des centres urbains et dans le maraîchage se dessine progressivement, au détriment d’autres régions et d’autres secteurs de production qui mériteraient aussi de jouir d’un tel levier à l’établissement.
Des solutions existent pourtant. Au regard d’expériences étrangères, et plus particulièrement des cas de la France et des États-Unis, une structure commune d’accompagnement et de coordination pourrait s’avérer pertinente pour renchausser les activités des initiatives et en stimuler d’autres afin d’accroître les retombées positives des incubateurs. Une telle structure commune permettrait aux incubateurs d’améliorer leurs services, d’harmoniser leurs dispositifs, de mutualiser certaines fonctions, de soutenir leurs démarches pour obtenir un financement régulier, de faciliter leur reconnaissance dans le milieu agricole, de coordonner leur déploiement dans différentes régions et différents secteurs de production et d’assurer la pérennité de leurs activités. En définitive, ce sont non seulement les incubateurs eux-mêmes qui pourraient bénéficier d’une telle démarche, mais bien la relève agricole et les communautés qui accueillent de telles structures sur leur territoire.