Les trois chapitres principaux de cette thèse ont pour point commun l’analyse économique de la communication interpersonnelle en tant que choix sous contrainte. Or, comme on dit, talk is cheap. Pourtant, les trois chapitres élaborent trois contraintes différentes qui pourraient s’imposer à la communication interpersonnelle. Dans le premier chapitre, la contrainte est de nature stratégique : en équilibre, les communications différentes suscitent des réactions différentes chez les interlocuteurs. Donc les individus choisissent leur communication en fonction de la réaction qu’ils espèrent susciter. Dans le deuxième chapitre, la contrainte est plus intrinsèque. On y recherche de manière expérimentale dans quelle mesure les gens se contraignent à dire la vérité pour la vérité. Dans le troisième chapitre, la contrainte est encore différente car elle est due cette fois au fait que le communicateur n’a pas pour but de communiquer quoi que ce soit. Il veut, en fait, se donner une idée faussée du sujet. Ainsi, un interlocuteur qui essaierait d’apprendre de la communication doit tenir en comte ces distorsions éventuelles, qui deviennent une contrainte sur la transmission de l’information.
Les trois chapitres s’inscrivent dans un courant d’économie comportementale. Cette mouvance essaie d’ouvrir un peu la « boîte noire » des préférences, en soulevant des questions sur les facteurs qui motivent les choix réels. Ces questions sont dangereuses car elles risquent de supposer ce qu’il fallait démontrer, en réduisant l’explication d’un comportement à la simple volonté de le faire. Pour éviter ce piège, il faut se pencher sur une vision des motivations qu’on croit raisonnables avant de travailler sur les comportements spécifiques. Les prolégomènes de la thèse bâtissent donc un cadre d’analyse qui cherche à soutenir une réflexion précise sur la nature du comportement social qu’on essaie d’interpréter. Ce cadre est appliqué par la suite dans l’élaboration des modèles dans les trois chapitres.