Comment alimenter la recherche? Le financement de la recherche en santé des populations par l’industrie agroalimentaire

Cette étude exploratoire vise à déterminer les perceptions de différents acteurs québécois sur le financement de la recherche en santé des populations par l’industrie agroalimentaire au Québec, afin d’établir si cette pratique est considérée socialement et éthiquement acceptable dans le contexte actuel. Nous questionnons aussi nos participants sur l’acceptabilité de la présence de scientifiques subventionnés par l’industrie sur les comités consultatifs au gouvernement. Nous avons entrepris des entrevues individuelles semi-structurées auprès de 14 acteurs impliqués dans cette problématique, et provenant du milieu académique, du secteur public, de l’industrie agroalimentaire, d’organismes sans but lucratif et des médias. À la lumière de nos résultats, nous constatons que même sans consensus aux différentes questions d’étude, nous pouvons conclure que les collaborations de recherche avec le secteur agroalimentaire peuvent être acceptables, mais qu’elles doivent absolument être accompagnées de mécanismes rigoureux et d’une conduite éthique des partis impliqués. Cette étude nous permet d’acquérir une meilleure compréhension des facteurs décisifs pour déterminer l’acceptabilité sociale de la pratique. Ils comprennent le contexte, les intérêts des acteurs impliqués, les questionnements éthiques liés aux collaborations, la variation dans l’acceptabilité de différents modes de subvention, la variation dans l’acceptabilité du financement en provenance de certains membres de l’industrie agroalimentaire, les différences théoriques et pratiques relatives à l’acceptabilité de ces collaborations et la notion de manipulation par l’industrie agroalimentaire. De plus, nos résultats nous aiguillent vers des modes de collaborations acceptables sur le plan de l’éthique, et proposent des valeurs et principes indispensables à l’acceptabilité éthique de ces moyens de collaborer. Les modes de collaboration acceptables au Québec selon nos participants sont la mise en place de fonds consolidés, la désignation d’un tiers pour gérer la collaboration, l’implication des comités d’éthique, et le développement de mécanismes décisionnels, de protocoles et de contrats pour des collaborations acceptables.

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