La conservation environnementale et la réduction de la pauvreté dans les pays en développement sont deux objectifs prioritaires reconnus par la communauté inter-nationale. Cependant, la nature de la relation entre ces enjeux demeure l’objet de débats. En e˙et, alors que certains considèrent ces objectifs comme étant conflictuels, d’autres soutiennent qu’ils ne seront atteints que simultanément. Cette thèse vise à améliorer la compréhension de la relation entre conservation environne-mentale et bien-être ainsi que des mécanismes qui modèrent cette relation. Plus précisément, les analyses réalisées se concentrent sur l’étude des relations entre la mise en place de zones protégées, le développement du secteur de l’écotourisme et le bien-être des ménages au Népal.
Dans le premier chapitre, nous explorons les liens existant entre les variables qui seront d’intérêt tout au long de la thèse. Ainsi, nous mesurons la nature et la force de la relation entre (1) les zones protégées et le bien-être, (2) l’écotourisme et le bien-être et (3) l’interaction entre les zones protégées et l’écotourisme, et le bien-être. Nous utilisons la méthode de la régression PLS, qui est appropriée considérant la connaissance théorique limitée sur la relation entre conservation et bien-être, ainsi que la corrélation forte entre certaines variables explicatives. Les résultats indiquent que la mise en place de zones protégées, le développement de l’écotourisme et le bien-être sont positivement liés. De plus, l’écotourisme semble constituer un mécanisme qui modère la relation entre la conservation et le bien-être. Ces résultats exploratoires justifient la pertinence de préciser davantage la structure des relations entre les variables, ce que nous effectuons dans les chapitres suivants.
Dans le deuxième chapitre, nous développons un modèle théorique sur la relation entre conservation environnementale et bien-être. Dans la littérature, les analyses théoriques concluent généralement sur l’existence d’une relation négative entre la conservation et le bien-être, alors que les applications indiquent que les zones protégées peuvent améliorer le bien-être local et réduire la pauvreté. La plupart des modèles théoriques s’appuient sur l’hypothèse que la terre protégée demeure inutilisée, ce qui ne semble toutefois pas être vérifié empiriquement. Puisqu’en plus, dans le chapitre 1, nous observons que l’interaction entre la conservation et l’écotourisme affecte le bien-être, nous intégrons dans notre modèle théorique un secteur productif qui se développe avec les efforts de conservation. Les résultats indiquent que, lorsque la conservation est combinée au développement d’un secteur alternatif, elle peut générer une hausse du bien-être, ce qui est cohérent avec les applications publiées. Nous validons cette conclusion théorique à l’aide de différentes méthodes économétriques.
Les données utilisées dans les chapitres 1 et 2 ont toutefois certaines limites. En e˙et, elles ne permettent pas de distinguer les ménages résidant à l’intérieur d’une zone protégée, ainsi que ceux impliqués dans le secteur de l’écotourisme. Des variables mesurées au niveau du district doivent donc être utilisées pour capter l’e˙et de l’écotourisme et de la conservation. De plus, les ménages localisés en région éloignée sont peu représentés dans l’échantillon. Ainsi, dans le troisième chapitre, nous présentons un rapport méthodologique et statistique de l’enquête sur les ménages, que nous avons réalisée au Népal en 2013. L’objectif de l’enquête est de collecter l’information nécessaire pour mesurer l’impact du développement de l’écotourisme et de la conservation environnementale sur le bien-être à partir de données représentatives et désagrégées au niveau du ménage, pour ainsi préciser l’analyse. Nous détaillons dans ce chapitre la méthodologie d’enquête et présentons les résultats descriptifs obtenus.
Enfin, dans le quatrième chapitre, nous utilisons les données collectées pour mesurer l’impact de l’écotourisme et des restrictions environnementales sur le bien-être des ménages dans les zones protégées du Népal. Nous développons un modèle hiérarchique linéaire à deux niveaux, afin de tenir compte de la structure hiérarchique et clustérisée de la base de données. Nous montrons que de s’impliquer dans une occupation directement liée à l’écotourisme, en tant que travailleur autonome, augmente les dépenses de consommation du ménage. De plus, cette implication produit une externalité positive sur le bien-être des ménages localisés à proximité. Ce chapitre est complémentaire aux précédents puisque les résultats obtenus permettent de conclure sur les liens de causalité entre le développement de l’écotourisme, les restrictions environnementales et le bien-être, et ainsi de formuler des recommandations de politiques environnementales et de développement. Aussi, nous concluons notamment que le développement d’entreprises écotouristiques locales devrait être encouragé, et que la consolidation de l’offre touristique autour d’une stratégie de développement local est susceptible d’augmenter les retombées pour l’ensemble de la communauté.