Gouvernance en écotourisme: Développement durable, développement régional et démocratie participative

Le tourisme est aujourd’hui considéré comme l’une des industries les plus importantes à l’échelle mondiale. Toutefois, si le tourisme de masse engendre des effets économiques très bénéfiques, il peut également avoir des impacts délétères sur l’environnement et les populations d’accueil. Dans ce sens, " l’écotourisme " mérite une attention particulière parce qu’il constitue une nouvelle approche qui se veut moins réductrice que la perspective économique en prenant en considération d’autres facteurs d’équilibre dans un développement touristique. Cette recherche s’inscrit dans une perspective d’analyse socio-politique du développement durable appliqué au secteur touristique, soit l’analyse d’une GOUVERNANCE PARTICIPATIVE en ÉCOTOURISME. L’objectif principal de cette recherche est de comprendre la dynamique de négociation des objectifs spécifiques de chacun des acteurs concernés dans un développement écotouristique, afin de connaître comment ils négocient, de façon formelle et informelle, un équilibre "durable" entre les objectifs écologiques et socio-économiques, à partir des intérêts convergents et divergents exprimés dans un processus de consultation publique. L’hypothèse générale de recherche est qu’il est possible, à partir de ces connaissances empiriques, de construire un modèle de gouvernance démocratique en écotourisme qui prendrait en compte les intérêts de développement des communautés locales, tout en assurant la protection des ressources naturelles pour les générations futures. Le cadre de référence théorique élaboré analyse l’écotourisme comme une forme de développement touristique à caractère multidimensionnel qui accorde une importance particulière à la dimension politique, une dimension où l’équilibre final résulte d’une négociation entre les intervenants. Le processus de création du Parc marin du Saguenay-Saint-Laurent a été retenu comme choix empirique et deux types d’analyses qualitatives ont été réalisés: une analyse de contenus formels des 133 mémoires déposés par les participants lors des deux consultations publiques sur le parc marin ainsi que l’analyse de contenus, plus informels, de 30 entrevues réalisées sur le terrain, auprès de représentants de l’État et d’intervenants du milieu. Ces deux types d’analyses ont permis de reconstruire la dynamique de négociation entre les différents types d’intervenants, soit l’État et le milieu, en identifiant les logiques d’action stratégique qui sous-tendent leurs intérêts divergents/convergents respectifs. Les résultats montrent que la logique de l’État est une logique classique d’aménagement qui traduit un pouvoir d’opérationalisation vertical descendant. Alors que le milieu détient davantage un pouvoir horizontal, c’est-à-dire un pouvoir de veto implicite sur la participation des communautés locales et, à la limite, un pouvoir de consensus négatif. La reconstruction des logiques d’action de l’État et du milieu nous éclaire sur les objectifs de même que sur les processus de participation et de négociation entre les décideurs et les intervenants du milieu. Dans l’ensemble, les principales conclusions de cette recherche sont les suivantes. Premièrement, l’analyse de ces contenus formels et informels montre que le processus de consultation publique a pour effet de faire émerger les divergences du milieu face à une proposition gouvernementale. Deuxièmement, la notion d’écotourisme qui résulte de cette consultation demeure fortement conditionnée par une logique d’État. Troisièmement, cette notion d’écotourisme est principalement axée sur l’encadrement de l’offre plutôt que de la demande. Une quatrième conclusion est que la consultation publique constitue une stratégie partielle de mise en oeuvre d’une gouvernance participative en écotourisme, une stratégie qui présente des avantages mais également des limites. Enfin, suite à la mise à l’épreuve du cadre théorique et des résultats empiriques, une modélisation du concept d’écotourisme a été réalisée. L’objectif de cette modélisation est de proposer un outil de gestion de gouvernance participative pour les planificateurs lors de la mise en oeuvre d’autres développements à caractère écotouristique. La notion de gouvernance participative en écotourisme mise en évidence par cette modélisation, exprime le caractère multidimensionnel de ses composantes qui peuvent être traduites en autant de principes d’orientation et d’opérationalisation par les décideurs et les différents intervenants. Bref, cette notion fait référence principalement à un développement endogène, soucieux de maintenir une ressource durable par la conscientisation des gens où, pour soutenir ce sens de l’initiative locale, il apparaît nécessaire que le milieu dispose d’un pouvoir substantiel sur les décisions à prendre.

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