La gestion indicielle en contexte de faible liquidité des titres boursiers

L’indexation comme stratégie en gestion de portefeuille n’a jamais été aussi populaire qu’à l’heure actuelle. Bien que la pratique entourant la gestion indicielle ait souvent été méprisée par la fraternité des gestionnaires actifs de portefeuille, nombreuses sont les évidences empiriques pour démontrer que ces derniers ne réussissent pas toujours à battre l’indice de marché à long terme. En ce sens, il existe une demande sur le marché pour l’investissement dans des indices boursiers fort reconnus tels le S&P 500 aux État-Unis ou le S&P/TSX au Canada. Cependant, ces gens ne veulent pas nécessairement investir que dans des sociétés à grande capitalisation, mais préféreraient aussi profiter d’opportunités dans des secteurs d’activités précis. Cette évolution les amène donc à confier leur fortune à des gestionnaires de portefeuille indiciel axé sur des besoins bien définis. Par ailleurs, la performance économique du Québec et parallèlement du secteur des petites capitalisations pourrait devenir un créneau à croissance élevée. Un portefeuille répliquant l’Indice-Québec constituerait donc une panacée dans de telles circonstances. L’implication d’un tel portefeuille pour la gestion indicielle renferme une problématique de taille. Le différentiel de rendement entre le portefeuille et l’indice boursier, mesuré par l’erreur de suivi, devient fortement influencé par la faible liquidité sur les marchés financiers de plusieurs sociétés québécoises. Pour atténuer l’erreur de suivi, le risque de liquidité impose d’identifier et mesurer empiriquement ce concept, de privilégier les titres dotés d’une liquidité élevée et conjointement de contrôler les coûts de transaction. Cette étude pratique est donc consacrée à déterminer dans un tel contexte, s’il est réalisable pour un gestionnaire de construire un portefeuille selon le respect des règles connues de la gestion indicielle. Pour ce faire, cette étude veut vérifier s’il est concrètement faisable de bâtir un portefeuille indiciel répliquant les titres 31 à 100 de l’Indice-Québec, c’est-à-dire un échantillon de titres caractérisés par une liquidité moindre sur les marchés. L’objectif premier est de déterminer l'effet d'une contrainte de liquidité des titres pour un portefeuille indiciel. Spécifiquement, nous voulons étudier l'amélioration, en termes d'erreur de suivi et de coûts de transaction, d'une telle contrainte dans un contexte de titres à faible capitalisation. Le premier volet de notre étude consiste à évaluer la liquidité des titres boursiers de notre échantillon. Deux modèles d’évaluation seront réalisés, l’un basé sur la fourchette affichée des titres et l’autre basé sur le groupement de différentes mesures empiriques de liquidité. À partir d’un classement des titres en fonction de leur liquidité sur les marchés, différents portefeuilles seront simulés. Outre un portefeuille de réplication pure, quatre méthodes de réplication seront envisagées, soit une réplication en fonction de l’importance du poids des titres dans l’échantillon et une réplication par échantillonnage stratifié, laquelle comprend trois échantillonnages différents, soit en fonction de la capitalisation boursière, du secteur d’activités et de ces deux caractéristiques prises conjointement. Par la suite, les coûts de transaction et l’erreur de suivi des portefeuilles seront évalués. Nous effectuerons des comparaisons entre les portefeuilles selon deux mesures d’erreurs de suivi, c’est-à-dire l’erreur de suivi intégrale (ESI) et l’erreur moyenne absolue (EMA). Ces comparaisons nous amèneront à identifier de façon exhaustive la technique, les composantes et caractéristiques les plus avantageuses. Nous prévoyons qu’il existe un portefeuille, non composé de la totalité des titres boursiers de l’échantillon, qui réalisera une erreur de suivi inférieure au portefeuille de réplication pure. Essentiellement, nous nous attendons qu’un tel portefeuille atténue l’erreur de suivi en raison d’une réduction des frais de transaction, et que cette diminution soit supérieure à l’appréciation de l’erreur compte tenu d’une réplication avec moins de titres boursiers, donc moins précise. En bref, nos résultats ne démontrent aucune différence significative entre notre modèle empirique d’évaluation de la liquidité et le modèle basé uniquement sur la fourchette affichée, bien qu’une tendance semble favoriser le modèle empirique. Également, selon notre méthodologie employée, il semblerait qu’aucun portefeuille ne puisse minimiser l’erreur de suivi autant que le portefeuille de réplication pure. Cependant, un échantillonnage en fonction de la pondération sectorielle s’est avéré nettement favorable aux deux autres méthodes d’échantillonnage. Il est donc clair qu’il y a place à amélioration de la performance, en termes d’erreur de suivi, des portefeuilles indiciels en contexte de faible liquidité des titres boursiers. Si nous voulons que des indices boursiers de petites capitalisations deviennent plus faciles à répliquer en pratique, nous devons émettre dans l’avenir des solutions au problème de coûts de transactions élevés sur les titres à faible cotation, par exemple en convainquant les sociétés cotées de l’avantage des consolidations de leurs actions sur le marché. De plus, pour maximiser la liquidité de tels titres en Bourse, les détenteurs de blocs d’actions des sociétés québécoises, souvent les hauts dirigeants de ces sociétés, devraient participer davantage à des activités d’emprunts et de prêts de titres.

Lire aussi