Inspiré par la réflexion entourant les différents aspects de la citoyenneté au travail, ce mémoire s’intéresse à l’aspect concernant la participation à la régulation du travail chez une frange des travailleurs hautement qualifiés, les concepteurs de jeux. Ce mémoire cherche à comprendre le choix d’action collective de ces travailleurs. Étant donné que les sondages révèlent qu’une grande part des concepteurs de jeux, à l’échelle internationale, souhaite se syndiquer, comment expliquer que jusqu’ici l’action collective menée par ces travailleurs prenne une forme plutôt auto-organisée et peu structurée? Pour explorer cette question, des sondages internationaux de 2004, 2009 et 2014 ainsi que le discours de 90 concepteurs canadiens ont été analysés.
Les résultats de cette recherche dévoilent, par l’entremise de la théorie de la mobilisation de Kelly, l’ampleur de la transformation du marché de l’emploi depuis l’émergence de cette théorie. Ensuite, cette recherche souligne que le type d’action collective choisie par les concepteurs n’est pas un rejet du syndicalisme. On peut plutôt l’interpréter comme une demande de renouvellement adressée aux syndicats à cause de l’inadéquation entre l’industrie du jeu vidéo et le syndicat basé sur le modèle dominant d’accréditation par employeur en Amérique du Nord. Enfin, les conditions de production de l’industrie du jeu vidéo mettent en lumière ce choix d’action collective. Le type d’action collective auto-organisée permet de conserver la flexibilité nécessaire aux organisations gérées par projets comme l’industrie du jeu vidéo; de conserver un système de récompense basé sur le mérite; de maintenir la mobilité des travailleurs qui est considérée comme un atout dans l’industrie.
Mots-clés: action collective, concepteurs de jeux vidéo, organisation par projets, syndicalisation, financiarisation