La question de l’engagement des jeunes auprès du mouvement syndical est loin d’être sans équivoque. La relation existante entre ces deux acteurs est empreinte d’ambiguïté et éveille des questionnements quant aux facteurs déterminants de cet engagement et quant aux obstacles qui s’y posent. Si les études se sont le plus souvent concentrées sur la différence de couverture syndicale entre jeunes et moins jeunes et sur ses facteurs explicatifs (Gomez et al., 2002; Haynes et al, 2005), plusieurs études suggèrent également que, même une fois syndiqués, ces travailleurs moins âgés sont généralement moins engagés envers leur syndicat. L’objectif de ce mémoire consiste à combler une lacune importante dans la littérature, soit celle de la compréhension limitée que nous avons jusqu’ici des facteurs explicatifs de l’engagement des jeunes travailleurs dans les instances syndicales, mais aussi des principaux obstacles qui se posent à eux en cette matière. En effet, au Québec, aucune étude ne s’est encore penchée sur ce sujet de recherche précisément. Nous avons donc effectué deux tables rondes de discussions auprès de jeunes salariés de la fonction publique québécoise, en plus de faire parvenir un questionnaire électronique à l’ensemble des membres du Forum des jeunes de la fonction publique québécoise afin d’éclairer cette problématique. Des analyses qualitatives et également quantitatives ont été effectuées afin de dégager nos principaux résultats de recherche.
Globalement, cette étude permet d’approfondir la compréhension de la relation existante entre les jeunes et le mouvement syndical. Plus précisément, elle souligne les facteurs déterminants de l’engagement syndical des jeunes salariés. Nos analyses ont révélé que l’instrumentalité, l’attitude générale envers le syndicalisme, l’adéquation aux valeurs du syndicat, la recherche d’information et l’influence des représentants syndicaux sont tous des facteurs permettant d’expliquer l’engagement syndical des jeunes salariés. De plus, de nombreux obstacles peuvent freinent les jeunes à s’engager auprès de leur syndicat local. Nos résultats ont dénoté que la peur des représailles, une communication défaillante, l’absence d’éducation et de socialisation syndicale ainsi que le sentiment d’impuissance à changer les priorités du syndicat sont des barrières qui se posent à l’engagement syndical des jeunes. Notre recherche propose également des pistes de solutions à l’égard des syndicats. Le dialogue et le partage d’informations tout comme le fait de favoriser l’accessibilité aux activités et aux instances syndicales permettraient notamment de rapprocher l’acteur syndical des jeunes et constituent des voies d’actions à considérer. Finalement, ce mémoire en vient à la conclusion que les syndicats représentent toujours aux yeux des jeunes un acteur pertinent dans la défense et la protection des conditions de travail, mais ce sont les divers obstacles et difficultés rencontrées par ceux-ci qui freinent leur engagement envers les syndicats.