La conclusion qui prévaut dans les travaux de recherche sur les fusions-acquisitions est que leurs effets ne sont pas conformes aux attentes des initiateurs des transactions. Dans 80% des cas, les F&A détruisent la valeur actionnariale de lʼentreprise acquéreuse (KPMG, 1999). Elles ne permettent pas non plus à lʼentreprise de diminuer son coût du capital (M&A Leadership Council, 2011). Les actionnaires sont perdants, mais ils ont approuvé le processus de F&A à un moment ou à un autre. Les administrateurs qui sont censés représenter leurs intérêts les encouragent à approuver les F&A. Ils octroient de gros bonus aux dirigeants pour avoir fait perdre de lʼargent aux actionnaires (Grinstein et Hribar, 2004).
Comment expliquer que les administrateurs et les actionnaires continuent à donner leur accord bien que les F&A soient associées à de piètres performances? Cette situation nous a intrigués. La littérature sur les F&A nʼa pas encore de réponse à ce sujet.
En nous référant à la théorie de comportement des agents économiques (Simon, 1976, 2000; Amblard, 2010), si les actionnaires et les administrateurs approuvent les F&A, cʼest quʼils sont convaincus que les F&A sont conformes à leurs intérêts. Si les actionnaires et les administrateurs continuent dʼapprouver les F&A, cʼest peut-être parce quʼon les pousse à croire que cʼest une décision rationnelle. Nous faisons ici référence à la gestion des impressions, une pratique qui consiste à manipuler la perception et la décision dʼautrui (Merkl‐Davies, Brennan et McLeay, 2011). En mettant à contribution la théorie de la gestion des impressions, nous cherchons les explications dans le discours des entreprises acquéreuses. Nous proposons donc une approche dʼanalyse de contenu des documents que les dirigeants des entreprises acquéreuses émettent pour obtenir lʼadhésion des actionnaires et des parties prenantes au projet de F&A.