Dans ce mémoire, nous proposons un regard nouveau sur la récente progression des heures accordées en moyenne à un emploi rémunéré pendant l’année scolaire par les adolescents. Nous étudions le rôle du conformisme social dans la conciliation travail-études en estimant les effets de pairs qui se manifestent dans l’offre de travail des étudiants du secondaire. À cette fin, nous utilisons un modèle linéaire en moyenne que nous estimons en exploitant les réseaux d’interactions décrits dans le National Longitudinal Survey of Adolescent Health. Afin de contourner les problèmes d’identification des paramètres liés à l’étude des interactions sociales, nous nous inspirons entre autres des développements présentés dans Kelejian et Prucha (1998), Lee, Liu, et Lin (2010) et Bramoullé, Djebbari, et Fortin (2009). Nous estimons le modèle de trois différentes façons : moindres carrés en deux étapes, approche spatiale des moindres carrés généralisés en deux étapes (estimateur le plus efficace dans la classe des variables instrumentales) et maximum de vraisemblance. Les effets de pairs sur les décisions de travail prises à la marge intensive ainsi qu’à la marge extensive sont étudiés. Nous proposons également une adaptation de la log-vraisemblance afin d’estimer le modèle sur un sous-échantillon formé unique-ment d’étudiants en emploi en corrigeant pour le biais de sélection sous-jacent à ce choix.
Les résultats obtenus suggèrent qu’un multiplicateur social de 1,43 influence les décisions des adolescents d’entrer sur le marché du travail. Ce multiplicateur prend une valeur de 1,35 lorsque nous considérons les décisions quant au nombre d’heures hebdomadaires travaillées. Les effets de pairs se manifesteraient finalement avec plus d’ampleur au sein des étudiants en emploi, chez qui un multiplicateur social de 1,66 serait à l’œuvre. La prise en compte de ces effets sociaux apporte un éclairage important sur la dynamique influençant les décisions de conciliation travail-études des adolescents. Du point de vue des pouvoirs publics, la présence d’effets de pairs sur l’offre de travail des étudiants implique qu’une politique touchant les conditions de travail des jeunes est susceptible d’avoir un e˙et global supérieur à la somme des effets individuels prédits en l’absence d’interaction sociale.