ÉCONOMIE POLITIQUE DES TRANSFORMATIONS DU SECTEUR AGROALIMENTAIRE MONDIAL DE 1950 À 2010

Ce mémoire s’intéresse à l’évolution et aux transformations des secteurs agricoles et alimentaires de 1950-1960 à aujourd’hui, secteur désormais désigné comme agroalimentaire. À travers l’étude de cette période historique, nous constatons l’évolution des principales formes de régulation de ces domaines qui passent majoritairement du domaine public au domaine privé. Le contexte avant la libéralisation montre un secteur agricole et alimentaire très fortement contrôlé et instrumentalisé par l’État. De diverses façons, l’État réussit à réguler ce secteur avec des moyens directs et indirects. Durant les années 1980, un changement de paradigme, qui va entraîner un certain recul du rôle de l’État, résulte en l’appropriation et l’instrumentalisation de nouvelles formes et de nouveaux domaines de régulation par le secteur privé qui facilite l’insertion de grandes FMN disposant de moyens financiers et technologiques leur permettant de prendre le relai de la régulation de ces secteurs. Le rôle de l’État n’est pas effacé complètement, mais globalement transformé et il doit désormais remodeler et repenser son action et ses relations internationales conjuguant tant bien que mal compétition et coopération sur la scène mondiale.

Bien que la libéralisation économique ait comme but de libérer le marché de toute forme de pouvoir, on note cependant que de nouveaux acteurs se sont appropriés la régulation du secteur agroalimentaire. Nous posons comme hypothèse que ce libéralisme économique défendu par les néolibéraux dès les années 1970 et appliqué plus fortement dans les années 1980 servait les intérêts de certains acteurs. La libéralisation n’a pas donné les effets escomptés et mieux encore, elle a remis entre les mains d’une poignée d’acteurs toujours plus concentrés, l’essentiel du fonctionnement et de la modulation du secteur agroalimentaire mondial. Alors que certains auteurs remarquent un transfert du public vers le privé, l’analyse des auteurs nous montre que le rapport entre ces deux entités est beaucoup plus complexe qu’on ose le croire à première vue. Le privé a besoin du public et vice-versa. La chaîne globale de valeur nous montre que le libre jeu de la concurrence n’est pas réellement respecté étant donné tous les réseaux qui se créent et qui ont comme effet de concentrer les marchés. Il faut repenser l’analyse en fonction de ces réseaux qui créent une distorsion sur ces marchés et qui concentrent l’essentiel des pouvoirs.

Mots-clés : régulation, agriculture, agroalimentaire, libéralisation, concurrence, rôle de l’État, sécurité alimentaire, concentration économique, firmes multinationales, libéralisme

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