La vulnérabilité des agriculteurs face à leur métier : quelle place pour l’environnement? Une étude de cas autour d’un projet de restauration des bandes riveraines agricoles dans le Bas-Saint-Laurent

Dans un contexte où l’agriculture d’aujourd’hui fait face au défi de combiner protection de l’environnement et productivité, l’agroforesterie dans les bandes riveraines offre un potentiel certain. Pour cette raison, un projet pilote de restauration des bandes riveraines en systèmes agroforestiers le long de deux sous-bassins agricoles jugés préoccupants a été réalisé au Bas-Saint-Laurent; l’intérêt étant d’étendre ultérieurement cette pratique à plus grande échelle. Comment un tel projet peut-il répondre aux besoins et intérêts des producteurs agricoles? L’objectif de la recherche était de mieux comprendre la place qu’occupe le sujet de l’environnement au sein des préoccupations des agriculteurs, en échos aux autres valeurs qu’ils rattachent à leur métier. Une approche par la vulnérabilité fut retenue afin de cerner si un tel projet de type agroforestier répond à un besoin chez les agriculteurs. Nous nous sommes également penchée sur les représentations qu’ont ces derniers à l’égard des différentes facettes du projet proposé afin de déterminer l’intérêt, mais aussi les réticences qu’il peut potentiellement susciter. À partir d’entretiens semi-dirigés auprès de 20 agriculteurs, nous constatons que la thématique de « l’environnement » s’intègre aux difficultés qu’évoquent la majorité des répondants. Sur ce plan, ils déplorent un manque généralisé de reconnaissance sociale, notamment suite à leurs efforts et aux changements déployés en matière de protection de l’environnement. Dès lors, même si la mise en place d’une nouvelle pratique agroenvironnementale ne répond pas d’emblée à un besoin, elle peut dans ce sens représenter un intérêt. Cependant, le projet proposé visait la résolution d’un problème de pollution. Sans en être désintéressés, ce problème n’interpelle aucunement les agriculteurs que nous avons rencontrés. Plus encore, l’éventuelle exploitation marchande de la bande riveraine ne semble pas susciter l’engouement. Pour autant, les agriculteurs prônent le respect de l’environnement! Bien que de nature exploratoire, cette recherche révèle notamment la pertinence de travailler avec les agriculteurs afin de trouver des solutions environnementales qui s’arriment à leurs besoins et intérêts. Un travail de co-construction serait d’ailleurs propice à la création de liens de confiance entre les différents acteurs, ce qui faciliterait les échanges d’information.

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