La dynamique des relations entre acteurs publics et privés dans la gestion des services d'eau urbains. Les cas de Montréal et de Marseille

La gestion des services d’eau urbains pose de nombreux défis afin d’assurer une eau de qualité pour tous et un renouvellement des infrastructures à long terme. La meilleure manière de répondre à ces défis varie d’un endroit à l’autre, et différents modèles de gouvernance et structures organisationnelles sont proposés dans la littérature académique ou mis en œuvre dans les pratiques. Dans ce contexte, la place du secteur privé dans la gestion des services d’eau a été au cœur de nombreux débats politiques et académiques, particulièrement au cours des années 1990. Ce travaille explore les relations entre acteurs publics et privés dans la gestion des services d’eau, plus particulièrement pour le cas de la Ville de Montréal. Confrontée à une situation de dégradation des infrastructures, la ville de Montréal met en place un groupe de travail au début des années 1990 afin de trouver un modèle organisationnel qui permette d’en améliorer la gestion et le financement. Les années 1990 et le début des années 2000 sont marquées par un large débat sur la participation du secteur privé aux services d’eau, qui s’éloigne toutefois de la question du financement des services, de la gestion du patrimoine ou de l’accès à l’expertise. La ville attendra le milieu des années 2000 pour élaborer un plan de mise à niveau des infrastructures et de leur financement, auquel participent de près les firmes de génie-conseil. La création du fonds de l’eau et la mise en route des trois grands « chantiers techniques de l’eau » marquent ainsi le début d’une reprise en main des services, après de nombreuses années de laisser-aller. La structure organisationnelle devra elle aussi être ajustée afin d’assurer une gestion et une planification efficaces à long terme. Nous présentons également le cas de la ville de Marseille, où un modèle de gestion et une structure de gouvernance très différents nous permettent de prendre un certain recul par rapport au cas de Montréal. Le cas de Marseille se caractérise par la participation d’un acteur privé à la gestion des services d’eau, la Société des Eaux de Marseille (SEM), depuis la fin des années 1930, et par un système de gestion des contrats et de reddition de comptes. L’échéance du contrat de Marseille en 2013 suscite déjà un mouvement à l’interne, la SEM cherchant à accroître son efficacité et à réduire ses coûts afin de faire face à la concurrence, mais également afin de justifier son indépendance par rapport à ses maisons mères, Suez et Veolia. Le fait d’appartenir à part égale aux deux majors dans le domaine de l’eau était garant d’autonomie pour l’entreprise, ce qu’elle craint de perdre lorsque l’une des sociétés revendra ses parts à l’autre afin de se conformer aux normes européennes en matière de concurrence.

Lire aussi