La structuration du rapport entre l'État et la société civile dans le développement local au Québec : le cas de CDÉC montréalaises

Qu’en est-il du rapport entre l’État et la société civile, de son évolution et de sa transformation dans le temps, plus précisément dans le domaine du développement local au Québec ? Pour tenter de répondre à cette question, nous avons étudié le rapport entre les Corporations de développement économique communautaire (CDÉC) de Montréal et l’État québécois. Nous avons retenu le cas de deux CDÉC : la CDÉC Centre-Sud/Plateau-Mont-Royal qui est parmi les plus anciennes CDÉC au Québec et la CDÉC Côte-des-Neiges/Notre-Dame-de-Grâce qui est de la plus récente génération. Qui plus est, notre étude s’est concentrée autour d’un événement bien précis, plaque tournante décisive dans le rapport État/CDÉC soit la négociation et l’obtention par les CDÉC montréalaises du mandat de Centre local de développement (CLD) suite au dépôt de la Politique de soutien au développement local et régional du gouvernement québécois en 1997. Le mémoire présente un historique élaboré suite à une revue de la littérature empirique, une revue de la littérature conceptuelle conduisant à l’énoncé de la problématique, un cadre théorique et des dimensions d’analyse ainsi que la méthodologie (qualitative), pour enchaîner avec la présentation des cas (les deux CDEC, l’État, les étapes vers le mandat CLD), puis l’analyse et l’interprétation des résultats avant de conclure. Quatre dimensions ont été identifiées et mobilisées pour l’étude en profondeur du rapport entre les CDÉC et le gouvernement du Québec : les dimensions individuelle, organisationnelle, institutionnelle et celle des rapports sociaux. Cette recherche a permis dans un premier temps de caractériser le rapport avant le mandat CLD, ainsi que quelques années plus tard, après le mandat CLD, et dans un deuxième temps d’explorer son évolution à travers l’étude de sa structuration. Ainsi, avant le mandat CLD, la configuration du rapport se dessine avec des « liens faibles », peu formalisés, entre l’État et les CDÉC alors qu’après, les liens sont beaucoup plus forts et beaucoup plus formalisés. Quant à la structuration du rapport dans le temps, il ressort que les dimensions organisationnelle et institutionnelle sont les matériaux sur lesquels les acteurs se sentent pouvoir agir et de ce fait sont des dimensions davantage réceptives à la dimension volontariste de la production-reproduction des structures sociales alors que les dimensions individuelle et des rapports sociaux constituent les dimensions plus difficilement accessibles et de ce fait plus stables dans le temps. On pourrait donc les associer davantage au caractère déterministe de la production-reproduction du social.

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