Cette thèse comprend trois articles qui portent sur les changements dans le marché de travail aux États-Unis, et de leurs effets sur le comportement dynamique des salaires réels moyens en particulier et le cycle économique en général. Le premier article documente de façon détaillée laugmentation de volatilité relative des salaires réels aux États-Unis qui a eu lieu durant la Grande Modération et propose une explication théorique pour ce phénomène. Le deuxième article se penche sur la divergence marquante au niveau de la tendance et du cycle des deux mesures agrégées les plus populaires de salaire moyen aux États-Unis, et offre des explications pour ces divergences. Finalement, le troisième chapitre tente détablir un lien théorique entre deux phénomènes qui sont survenus dans le marché du travail lors des trente dernières années, soit laugmentation de volatilité relative des salaires réels (documentée dans le premier article) et laugmentation de lincidence de la rémunération liée à la performance dans léconomie américaine.
Le premier article documente quau cours des 25 dernières années, la volatilité du salaire réel horaire moyen a augmenté substantiellement par rapport à la celle du PIB réel aux États-Unis. Utilisant des micro-données provenant du Current Population Survey (CPS) nous montrons que cette augmentation est principale-ment due aux augmentations de volatilités relatives des salaires horaires moyens de différents groupes de travailleurs dans la force de travail et non pas à cause de biais de composition dans celle-ci. Des simulations provenant dun modèle déquilibre général dynamique stochastique (DSGE) illustrent quil est très peu probable que laugmentation observée de la volatilité relative des salaires moyens provienne de changements à lextérieur du marché de travail (e.g. de chocs exogènes moins fréquents ou dune politique monétaire plus agressive). Par contre, une plus grande flexibilité dans la détermination des salaires, due à la baisse du niveau de syndicalisation et à laugmentation de lincidence de la rémunération liée à la performance tels quobservées dans les données du marché de travail américain, est capable dexpliquer une portion substantielle de laugmentation de volatilité relative des salaires moyens. Cette plus grande flexibilité dans la détermination des salaires implique aussi une diminution de la volatilité du cycle économique, suggérant ainsi une nouvelle explication à la Grande Modération.
Le deuxième article documente la divergence graduelle, autant en taux de croissance quen volatilité cyclique, des deux mesures de salaires moyens les plus utilisées pour léconomie américaine: les revenus horaires moyens provenant du Labor Productivity and Cost (LPC) program and les revenus horaires moyens du Current Employment Statistics (CES). Pendant que le salaire horaire LPC augmentait de 70% durant les quatre dernières décennies et devint beaucoup plus volatile au début des années 1980, le salaire horaire CES crû de seulement 20% durant la même période et a vu sa volatilité réduire après le début des années 1980. Nous avons déterminé que la divergence entre les deux mesures de salaire est due à une évolution très di¤érente des revenus moyens par travailleur, et non à cause des heures travaillées (ces dernières évoluent de façon similaires). Nous utilisons en-suite des données sur les salaires provenant du Current Population Survey (CPS), des National Income and Product Accounts (NIPAs), et de Piketty et Saez (2003) pour tenter de réconcilier la divergence entre les revenus moyens par travailleur. Notre analyse indique que des di¤érences dans la dénition des revenus et dans les populations échantillonnées peuvent expliquer une grande partie de la divergence. Notre analyse montre aussi que les di¤érences entre les revenus provenant du CPS et du LPC peuvent être attribuées presquentièrement par les revenus des indi-vidus très fortunés ainsi quaux suppléments aux salaires tels que les contributions des employeurs aux pensions de retraite, qui sont inclus dans LPC mais pas dans CPS. Ce résultat est intéressant en soi étant donné lutilisation très répandue dans les études utilisant les données en coupes transversales du CPS.
Le troisième article considère un modèle de type du "cycle réel" (RBC) avec des frictions sur le marché du travail où sont introduites deux types de rémunération liée à le¤ort. Lidée derrière ceci suit de près les travaux de la littérature microéconomique sur le performance-pay (e.g. Lazear, 1986). Dans le modèle, la négociation se fait avant dobserver les chocs à la période t pour les deux types de rémunération, mais lobjet de la négociation est très différente sous chaque type. La première forme de rémunération est une sorte de salaire de¢ cience suivant lintuition derrière le modèle de shirking de Shapiro et Stiglitz (1984), tandis que la seconde est apellée performance-pay car la négociation se fait autour dune for-mule salariale qui lie le salaire à la production du travailleur. Lélément-clé ici est que le travailleur peut ajuster son effort (et donc sa performance) à chaque période étant donné létat de léconomie. Jutilise le modèle pour simuler un changement dans lincidence de la paie-à-la-performance tel quobservé dans le marché du travail américain et jévalue si ce type de changement structurel peut expliquer simultanément les deux phénomènes documentés ci-haut: la Grande Modération et laugmentation de volatilité relative des salaires réels moyens. Alors que le modèle implique un salaire moyen plus volatile lorsque lincidence de la rémunération à la performance est plus élevée, il implique aussi une plus grande volatilité de loutput et une plus grande corrélation entre le salaire réel moyen et loutput, deux résultats contrefactuels à lexpérience vécue par léconomie américaine durant la Grande Modération. Ces résultats posent un grand déà lidée quune plus grande flexibilité des salaires due à une plus grande incidence de la paie-à-la-performance peut répliquer les statistiques du cycle économique observées avant et pendant la Grande Modération.