Le capital social comme forme sociale de capital : reconstruction d'un quasi-concept et application à l'analyse de la sortie de l'aide sociale

Cette thèse a pour objectif d’examiner les conditions sous lesquelles on peut parler de l’existence d’une forme sociale de capital et de développer un modèle théorique systématique du capital social. Elle repose sur le constat de l’existence d’une grande quantité d’approches et de conceptions différentes du capital social et, face à ce constat, pose trois questions : peut-on parler de capital social, en tant que forme sociale de capital et, si oui, à quelles conditions ? de quelle façon, et à l’intérieur de quel espace social cette ressource est-elle produite ? de quelle manière peut-on effectuer une mesure ou une évaluation de la valeur du capital social ? Pour répondre à ces questions on procède d’abord à une analyse des trois traditions dans lesquelles le concept de capital social a été développée. Une première tradition, qualifiée de fonctionnelle, définit le capital social par sa fonction et propose d’en identifier la présence en considérant les effets qui lui sont attribués. Une seconde, associée aux analyses de réseaux, établit un lien étroit entre capital social et réseaux sociaux, mais demeure muette sur la spécificité du capital social par rapport à la dynamique réticulaire. Finalement, la troisième tradition, représentée par les travaux de Bourdieu, associe conceptuellement le capital social à l’existence de liens sociaux mais demeure à un niveau conceptuel très général qui ne permet pas de rendre le concept opérationnel. Suite à l’examen de ces trois traditions, et en s’inspirant en partie de ces dernières, un modèle conceptuel du capital social est développé sur la base de la définition du capital social retenue : les ressources potentiellement accessibles par la participation à des réseaux sociaux. Le modèle positionne le capital social comme une ressource, développée dans les réseaux sociaux, et qui fait appel à la participation, entendue ici au sens de participation active, comme mécanisme de production du capital social. Ce modèle comporte plusieurs avantages par rapport aux théories existantes : il permet d’identifier précisément la ressource capital social et d’éviter de la confondre avec ses effets ; il offre aussi la possibilité d’une mesure directe du capital social ce qui n’est pas possible dans les approches fonctionnelles. Dans un deuxième temps une démarche empirique de validation de ce modèle est effectuée dans l’objectif de s’assurer de son applicabilité et de sa faculté à produire des connaissances nouvelles. Pour effectuer cette validation, l’étude de la dynamique de la sortie de l’aide sociale a été choisie en raison de la disponibilité d’une grande quantité de connaissances se rapportant à ce processus social, connaissances qui constituent une base pour identifier, par comparaison, si le modèle théorique utilisé permet de produire des connaissances nouvelles. Ce test de validation est effectué en examinant la contribution du capital social, tel que modélisé dans la première partie de la thèse, dans le parcours d’un échantillon de prestataires de longue durée de l’aide sociale vers une sortie plus ou moins précaire du système. Les résultats montrent que le capital social constitue un facteur déterminant dans ce processus d’émancipation à l’égard de l’aide sociale. La thèse est divisée en deux parties. La première présente le développement du modèle théorique alors que la seconde est consacrée au test critique. Dans chacune de ces parties on retrouve deux articles qui présentent les principaux développements et résultats. Quatre autres chapitres complètent la thèse. En plus des connaissances relatives à la dynamique de l’aide sociale qui sont fournies par ces analyses, ces dernières montrent que le modèle du capital social est applicable et qu’il a permis, dans le cas de l’analyse de la sortie de l’aide sociale, de produire des connaissances nouvelles.

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