La problématique des femmes sur le marché du travail fait couler beaucoup d’encre depuis quelques décennies. Bien que la place qui leur est aujourd’hui accordée dans les sphères économiques, sociales et politiques soit considérable, certaines inégalités perdurent, particulièrement au niveau de l’emploi. En effet, les femmes sont toujours confrontées à des difficultés d’ascension dans les organisations et d’accession à différents emplois. Autrement dit, elles sont ralenties dans leur progression professionnelle ou encore sont en quelque sorte confinées à certains types d’emplois, typiquement féminins. Le fait que les femmes demeurent cantonnées dans certains emplois, qu’elles vivent une certaine ségrégation des professions, soulève quelques questions. Nous nous interrogeons sur les expériences de travail vécues par ces femmes œuvrant dans des métiers presque uniquement constitués de travailleurs de l’autre sexe – soit les métiers dits non-traditionnels. Plus précisément, le présent mémoire s’attache à explorer l’insertion et le maintien en emploi des femmes travaillant dans l’industrie de la construction. Nous cherchons à comprendre la réalité au travail de ces femmes en termes d’intégration ou d’exclusion. À partir d’entretiens réalisés auprès de travailleuses et de travailleurs de l’industrie de la construction, nous approfondissons le concept de stratégies identitaires. L’arrivée des femmes sur les chantiers menace bien des acquis, tant au niveau des mentalités qu’au niveau de l’image du «travailleur de la construction». Leur intégration sur les chantiers brise, dans une certaine mesure, l’unité et contribue à mettre en lumière la différence. Les femmes désirant s’intégrer dans cet environnement hostile à leur présence cherchent à se positionner entre l’image qu’elles ont d’elles-mêmes et la perception qu’entretiennent leurs collègues à leur effet. Elles sont confrontées à l’inadéquation entre l’identité qu’elles revendiquent et l’identité qui leur est assignée par les autres. C’est à cette inéquation que répond l’adoption de stratégies identitaires. Ainsi, nous explorons la dynamique identitaire de ces femmes œuvrant dans l’industrie de la construction et mettons en lumière trois stratégies identitaires : la conformisation, la minimisation et la singularisation. En approfondissant les mécanismes d’exclusion auxquels sont confrontées ces femmes, leurs quêtes de reconnaissance et de singularité, cela permet de mieux appréhender la diversité de la main d’œuvre dans les métiers non-traditionnels, de saisir plus finement le rôle fondamental du besoin de reconnaissance par le milieu et par les pairs, sur l’identité des individus.
Les stratégies identitaires des femmes oeuvrant dans l'industrie de la construction
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1,156 Mo
Informations
- Auteur.e(s)
- Dugré, Geneviève
- Année de production
- 2003
- Université(s)
- École des Hautes Études Commerciales de Montréal
- Catégorie(s)/Sujet(s)
- Économie du travail
- Nature du document
- Mémoire