L’intégration socioprofessionnelle des immigrants oeuvrant dans le secteur des technologies de l’information (TI) à Québec est peu documentée. Le secteur est dynamique dans la région, et les entreprises en croissance font face à une rareté de main-d’oeuvre locale. Cette situation laisse présager une intégration optimale pour les immigrants en TI, quand des études sur l’intégration des immigrants en général, soulignent des difficultés à l’échelle provinciale et régionale.
La méthodologie est qualitative. 28 immigrants qualifiés font le récit de leurs parcours socioprofessionnels avant l’obtention d’un premier emploi en TI à Québec. Puis, la trajectoire professionnelle de sept d’entre eux est suivie sur une année, selon une démarche longitudinale en quatre temps : à un mois, à trois mois, à six mois et à un an en emploi. Pour comprendre le processus d’intégration, la thèse s’appuie sur la théorie de l’interactionnisme symbolique, portant ainsi un intérêt à l’expérience humaine et à la dimension symbolique. Elle réfère aussi au courant interprétatif de Piore (1995), qui reconnait l’émergence dans le monde actuel de groupes minoritaires, tels les immigrants, et dont les intérêts particuliers sont non reconnus par les institutions.
Les résultats de recherche soulignent les mêmes obstacles à l’insertion que ceux constatés auprès de la main-d’oeuvre immigrante québécoise en général. Il s’agit d’un manque de reconnaissance par le marché des qualifications et compétences étrangères et de déqualification. L’insertion dans un premier emploi en TI à Québec est conditionnée par une formation québécoise. L’intégration en emploi, étudiée par la suite sur une année, est semée d’embûches et elle cache des actions individuelles et des stratégies d’intégration mises en place par les immigrants pour contourner les obstacles. Devant cette situation à risque surgissent des résultats plus surprenants. Suivre l’intégration sur une période continue fait émerger la poursuite d’un projet et une capacité d’agentivité de la part des immigrants rencontrés. Et l’étude de ces deux dimensions soulève qu’en bout de ligne, ils ne sont pas malheureux malgré une situation professionnelle décevante pour certains. Ils décrivent une satisfaction en termes de perspectives d’emploi, de confort matériel, de projets familiaux, de biens acquis, de réalisations personnelles et d’obstacles contournés.