L'impact des fusions et acquisitions transfrontalières sur la richesse des actionnaires au Canada

Nous effectuons une revue de la littérature qui porte sur les fusions et acquisitions intranationales et transfrontalières et exposons les méthodologies dites d’études événementielles qui sont utilisées lors des études empiriques sur les performances à court et à long terme des entreprises qui ont procédé à des regroupements. Notre étude se situe dans le prolongement de la recherche scientifique en ce qui a trait à l’impact, pour les actionnaires d’entreprises acquéreuses, des opérations de regroupements d’entreprises sur le plan international. La présente recherche constitue, à notre connaissance, la première étude canadienne d’envergure qui porte sur cette question. Notre étude apporte une contribution unique en évaluant, à la fois, les performances à court et à long terme des entreprises acquéreuses. Nous utilisons des échantillons comprenant au-delà de 600 et 300 entreprises respectivement. De plus, nous suivons une cohorte de 137 événements jusqu’à cinq années après la date d’annonce. Cette méthodologie nous permet de vérifier jusqu’à quel point les gains/pertes enregistrés lors de l’annonce de regroupement sont maintenus pendant la période postregroupement. Les résultats empiriques que nous obtenons à partir d’un échantillon de 607 regroupements démontrent que les entreprises acquéreuses canadiennes génèrent des rendements anormaux positifs significatifs de 0,88% durant la période débutant le jour de l’annonce et se terminant trois jours suivant cette date. Lorsque nous réduisons cet échantillon à 137 regroupements qui peuvent être utilisés, à la fois, pour nos études à court et à long terme, nous obtenons des rendements anormaux positifs significatifs de 2,81% pour la même période. Lorsque l’on considère l’ensemble des pays cibles, les transactions impliquant des entreprises cibles situées dans des pays en voie de développement sont génératrices de valeur pour les entreprises acquéreuses du secteur de la fabrication. Dans le cas des entreprises cibles situées aux États-Unis, la force relative du dollar canadien, le niveau d’encaisse et l’importance des actifs incorporels que détiennent les entreprises acquéreuses du secteur de la fabrication au moment de l’annonce d’un regroupement d’entreprises sont des facteurs significatifs. Contrairement à ce que suggère la théorie des flux de trésorerie disponibles de Jensen (1986), nos résultats indiquent qu’il est avantageux, pour des entreprises canadiennes, de détenir un niveau important d’encaisse au moment de procéder à des regroupements d’entreprises aux États-Unis, lorsque le dollar canadien est fort. Nos résultats sont en accord avec les études de Morck et Yeung (1992) et de Markides et Oyon (1998) et avec la théorie de l’internalisation de Buckley et Casson (1976) et Rugman (1981) voulant que les entreprises internationales ont avantage à créer un marché interne pour mieux gérer leurs expertises et leur savoir-faire. Pour ce qui est des entreprises des autres secteurs industriels, il semble que la taille des entreprises acquéreuses soit le seul facteur qui détermine le niveau de rendement anormal cumulatif des entreprises. Par ailleurs, malgré une possible période de réduction de valeur durant les premières années après le mois de l’annonce de fusion, notre étude de la performance à long terme indique que les entreprises canadiennes qui procèdent à des regroupements transfrontaliers ne génèrent aucun rendement anormal significatif sur une période de cinq ans après le mois de l’annonce. À ce chapitre, nous employons les méthodologies les plus récentes qui permettent d’éviter les biais statistiques et nos résultats convergent.

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