Cette étude aborde la problématique de la transnationalisation des mouvements sociaux à l’heure de la mondialisation de l’économie. De manière particulière, elle étudie l’impact de la libéralisation des marchés nord-américains sur les stratégies et pratiques d’action collective des acteurs syndicaux et environnementalistes en Amérique du Nord. L’enjeu du libre-échange pose le problème de la capacité des acteurs sociaux à répondre à la question de la démultiplication des espaces politiques et sociaux disponibles à l’action collective. Plusieurs observateurs soutiennent à ce sujet qu’avec la mobilité du capital et la croissance rapide du flux des échanges transnationaux, certains mouvements de la société civile se dirigeront automatiquement vers l’adoption de stratégies d’action collective qui sortent du cadre national pour investir le site transnational d’opération. Les nombreuses transformations opérées dans le régime d’accumulation et le mode de production capitalistes ont contribué à aiguiser, entre autres choses, un processus de différenciation structurelle et identitaire entre et parmi les mouvements sociaux. Dans cet ordre d’idées, le mouvement ouvrier est souvent présenté comme projetant un type de militantisme “ancien”, ne disposant pas d’outils fonctionnels appropriés lui permettant de suivre les contours complexes des changements économiques actuels. Il est aussi admis que le militantisme environnemental est apte à déborder aisément les frontières étatiques et représente le prototype du “nouveau” mouvement social, celui qui serait susceptible de générer des offensives transnationales à l’encontre d’initiatives soit globalisées soit régionalisées. L’objectif de cette thèse est double : 1) d’interroger la prétention des transnationalistes triomphalistes qui établissent un rapport de causalité entre les changements récents intervenus dans l’économie politique mondiale et les stratégies transnationales des acteurs sociaux situés à l’intérieur de la société civile et 2) de confronter la différenciation fonctionnelle entre “ancien” et “nouveau” mouvement social à l’épreuve de faits empiriques appartenant à une réalité concrète et observable et de mesurer le degré de transnationalité respective des deux mouvements. La thèse démontre qu’il n’existe pas de liens de causalité automatique entre l’émergence d’opportunités politiques transnationales et la transnationalisation d’un mouvement social. Elle défend l’idée que l’entreprise de restructuration économique mondiale soumet les mouvements syndicaux et environnementalistes à un dilemme stratégique similaire. La complexité ou le potentiel structurant d’un site transnational constitue à ce sujet un facteur déterminant dans la compréhension du blocage stratégique auquel font face les acteurs sociaux nationaux dans l’agencement de l’action collective transnationale. Le militantisme transnational d’un mouvement social reflétera sa capacité à traduire les trois indicateurs de la transnationalistion que sont : l’élaboration d’un discours transnational, la construction d’alliances et réseaux transfrontaliers et le développement de pratiques de mobilisation communes et partagées. La recherche emprunte une démarche comparative axée sur l’investigation directe et semi-directe. Elle évalue de manière qualitative les stratégies arrêtées par les organisations syndicales et environnementales américaines, canadiennes et mexicaines dans le contexte libre-échangiste nord-américain. Les trouvailles empiriques révèlent la survivance des structures politiques nationales et indiquent que le site transnational nord-américain maintient les deux mouvements sous étude dans le champ des espaces stratégiques nationaux.
Militantisme transnational? Syndicats et groupes environnementalistes devant les accords de libre-échange nord-américain
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- Chalmers Larose
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Informations
- Auteur.e(s)
- Larose, Chalmers
- Année de production
- 2000
- Université(s)
- Université de Montréal
- Catégorie(s)/Sujet(s)
- Économie du travail, Commerce international
- Nature du document
- Thèse de doctorat