Pourquoi émigrer? Trois histoires de vie de gestionnaires français au Québec

Cette recherche explore le phénomène des gestionnaires français au Québec. Elle prend la forme d’une étude exploratoire sur les raisons profondes et globales de l’émigration d’individus. Les raisons classiques évoquées dans les recherches en gestion sur le thème de l’émigration rendent compte rarement des motivations personnelles et culturelles. C’est pourquoi, l’enquête ici présente tente d’observer les aspects personnels de la motivation d’un groupe précis d’émigrants au Québec. La raison d’aborder cette étude selon ces choix tient au fait que seuls ces individus connaissent vraiment leur réalité. En second lieu, cette recherche se penche sur le sujet de l’émigration entre pays industriels. C’est un phénomène timidement observé mais qui vraisemblablement prend une importance de plus en plus accrue à cause de l’amplification migratoire entre ces pays : elle même due à la mondialisation des marchés, la fuite des cerveaux, etc. Cette recherche essaie en conséquence de comprendre les différents aspects de la culture française à travers les yeux d’individus qui ont justement décidé de quitter celle-ci. Le procédé d’investigation de cette recherche a fait appel à la technique de l’histoire de vie d’après les récits des principaux intéressés. À la suite des témoignages, une analyse des idées et des notions évoquées a été produite avec l’aide de sciences sociales. La psychanalyse a été mise à contribution et cela dans une large mesure. Elle s’est adjointe l’apport de la sociologie, le cas échéant, pour le domaine de la culture. Cette démarche a permis de découvrir que l’émigration de type professionnel relève plus du continuum d’une vie que le fait du hasard ou d’un accident. On peut se demander si derrière l’idée de s’installer à l’étranger, et d’y parfaire sa carrière professionnelle ou son entreprise, ne cache pas un réel désir de «projet de vie» et de développement de la personnalité. Ceci nous amène à réfléchir sur les explications possibles concernant l’émigration de citoyens français en Amérique du Nord. Une qui se dégage de cette étude exploratoire est que la motivation personnelle et subjective est plus forte que les raisons objectives et rationnelles comme, par exemple, les avantages pécuniaires et administratifs offerts par le pays accueillant. Autre observation que l’on retire de l’étude est l’évocation par les gestionnaires français d’une vraisemblable concordance entre leur personnalité et la «personnalité» du pays d’accueil (Canada) ou de l’environnement culturel (Amérique du Nord). Toutes ces avenues d’explication semblent se diriger vers une même observation : l’émigration est une étape du développement mature de la personnalité de chaque gestionnaire.  

Lire aussi