Étant donné le faible accès aux services financiers formels et l’utilisation importante de services financiers informels plus coûteux et plus risqués, la microfinance est très présente en Afrique subsaharienne. Dans le but d’accroître l’accessibilité financière des individus, les organisations de microfinance chercheraient initialement à desservir une clientèle victime d’exclusion financière et sociale. Toutefois, avec la commercialisation du secteur et l’importance accrue de la rentabilité financière, les clients visés, et donc le rôle de la microfinance, sont devenus confus. C'est pourquoi nous cherchons à vérifier le rôle de la microfinance en nous penchant sur la question suivante : quelles sont les portées horizontales (taille de la clientèle) et verticales (degré d’exclusion de la clientèle) de la microfinance au Ghana et en Tanzanie? Nous examinons l’hypothèse selon laquelle la microfinance cherche à accroître l’accessibilité financière en desservant des individus financièrement et socialement exclus.
Pour ce faire, nous utilisons des données de Finscope, provenant d’enquêtes auprès des ménages. Nous développons un modèle de régression logistique (logit) et un modèle de régression logistique multinomiale (logit multinomial) pour vérifier l’influence des caractéristiques socioéconomiques, géographiques, démographiques, financières et psychologiques sur la probabilité d’inclusion financière (formelle, microfinance et informelle) ou d’exclusion financière.
Nous concluons que la microfinance tient un rôle limité pour rejoindre les individus financièrement et socialement exclus. En premier lieu, nous observons que d’être exclus du secteur formel réduit les chances d’utiliser de la microfinance. En deuxième lieu, nous observons que la microfinance rejoint les individus ayant un niveau socioéconomique plus élevé, quoique d’être une femme plutôt qu’un homme augmente les chances d’inclusion par la microfinance dans les deux pays. En dernier lieu, nous relevons des différences significatives entre les facteurs explicatifs des différents types d’accessibilité financière (inclusion formelle, inclusion par la microfinance, inclusion informelle et exclusion), de même qu’entre le Ghana et la Tanzanie. Nous observons que la microfinance a une portée verticale supérieure lorsque la portée horizontale du secteur formel est plus élevée, ce qui est en accord avec la proposition de Vanroose et D’Espallier (2009).
Mots clés : accessibilité financière, microfinance, inclusion financière, exclusion financière, Afrique subsaharienne, Ghana, Tanzanie, régression logistique (logit), régression logistique multinomiale (logit multinomial)