Éléments d'un modèle interactionniste des gestionnaires au travail

Actuellement, certains chercheurs signalent l’émergence d’un "nouveau" travail managérial résultant de changements dans l’environnement économique, politique, social et culturel des entreprises. Une des principales nouveautés serait la modification des principes pouvant guider l’exercice de la gestion : du PODC (Planifier, Organiser, Diriger et Contrôler) on passerait à l’ADMR (Animer, Déléguer, Mobiliser et Responsabiliser); une telle transition impliqueraient surtout, pour les gestionnaires, une "nouvelle" façon d’interagir avec autrui. Dans ce projet de recherche, de nature théorique, nous explorons cet objet qu’est l’interaction du gestionnaire avec autrui afin de proposer un modèle sociologique des pratiques de gestion. Pour ce faire, nous adoptons une démarche en trois temps. Dans la première partie de cette maîtrise, qui regroupe trois chapitres, nous présentons et examinons, en utilisant un grille relevant de l’action sociale ainsi qu’un point de vue historique, huit modèles et certaines recherches portant sur le travail managérial publiés entre 1973 et 1998. Une telle présentation analytique de ces travaux sur l’exercice de la gestion permet de faire ressortir trois lacunes qui fondent la deuxième partie de notre mémoire : la gestion, l’interaction et l’organisation constituent autant de boîtes noires qu’il s’agit d’ouvrir. Autrement dit, avec notre problématique, composée de quatre chapitres, nous déployons un regard structurationniste pour donner une signification et dévoiler certains mécanismes de ces trois boîtes. Nous y effectuons essentiellement un travail de (re)construction théorique. Ce travail théorique rend possible, par la suite, l’élaboration d’un modèle structurationniste et interactionniste de l’exercice de la gestion; nous exposons ce dernier dans la troisième et dernière partie de ce projet de recherche. Plus précisément, nous y suggérons que la pratique du management implique deux types de rencontres (soit les face-à-face ordinaires et "extra-ordinaires") dans un contexte organisationnel; ces rencontres, selon nous, reposent sur un processus explicite (la conversation) et des processus implicites (pensée, déploiement de connaissances, etc.). Nous y discutons également de quelques limites de ce modèle ainsi que de certaines de ses implications "pratiques". Une telle démarche à trois temps, nous l’espérons, montre bien une contribution possible de la sociologie ainsi que des sciences sociales à l’appréhension du travail managérial…

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