Analyse structurationniste du contrôle de gestion dans la modernité et la modernité avancée

Cette thèse présente une recherche dans le champ du contrôle de gestion. Elle repose sur un protocole de recherche visant B élucider les pratiques concrètes des producteurs et productrices de connaissances (Audet et Déry, 1996). Elle vise B contribuer B la compréhension de la génération du pouvoir administratif en tant qu’institution de la modernité (Giddens, 1987). L’auteure remet en perspective le contrôle de gestion en l’abordant sous l’angle de la sociologie et elle s’appuie sur une adaptation de la théorie de la structuration et sur la théorie de la modernité avancée d’Anthony Giddens. La recherche de type "structurationniste" ouvre donc sur une conception inhabituelle du contrôle de gestion puisqu’elle pose l’hypothèse que les pratiques du contrôle de gestion sont des pratiques d’intégration, produites et reproduites par des acteurs, et qu’elles sont constituées et constitutives des règles la société, et des institutions de la modernité. La recherche a été guidée par la question suivante : "comment et pourquoi le contrôle de gestion a-t-il été constitué et transformé?", et la question de recherche a été explorée par le biais d’une étude historique et d’une étude de cas. L’étude historique du contrôle de gestion en Amérique du Nord (de 1850 B nos jours) a consisté B recueillir des données sur les conditions historiques du développement et du fonctionnement de l’entreprise moderne en Amérique du Nord. L’analyse des données, B la lumière des théories de la modernité avancée et de la structuration, a rendu possible l’identification et l’explication des conditions historiques qui ont contraint et habilité le contrôle de gestion, de même que des connaissances qui en sont constitutives. Les résultats de l’étude historique ont donc permis de conclure que le contrôle de gestion se conçoit comme un système d’organisation sociale, qui se construit au gré de l’activité sociale et de l’accumulation des connaissances, dans la modernité et dans la modernité avancée. L’étude de cas, conduite selon l’approche ethnographique, a consisté B explorer et B analyser la structuration sociale du Centre de recherches pour le développement international (CRDI) depuis sa création en 1970 jusqu’en 1997. L’étude visait B comprendre comment et pourquoi se produisent, et se reproduisent, les principes d’organisation, les rapports sociaux, et les pratiques d’intégration sociale et systémique dans l’entreprise. Les résultats de l’étude de cas ont révélé que le contrôle de gestion est, B la fois, un système structuré par l’activité humaine, et un système de structuration de l’activité humaine, et qu’il est constitué et constitutif d’un ordre qui procure à des acteurs le pouvoir et/ou la domination de la gouverne, de la coordination et de la surveillance dans l’entreprise. Dans l’ensemble, les résultats de la recherche ont permis d’inscrire le contrôle de gestion dans la modernité, et de reconnaître sa contribution B la modernisation de l’entreprise. Les résultats montrent par ailleurs que le contrôle de gestion contient les moyens de stabiliser la confiance. Ainsi, la recherche permet de suggérer que les notions de confiance et de surveillance (telles que définies Giddens) et l’analyse structurationniste des pratiques de gestion constituent des clés de compréhension prometteuses pour l’avancement des connaissances dans le champ de la théorie des organisations. La recherche offre des contributions sur les plans théorique (reconceptualisation du contrôle de gestion, réunion des théories de la modernité avancée et de la structuration, mise en valeur des pratiques du contrôle de gestion dans la production et la reproduction d’un système social) et méthodologique (compréhension des pratiques du contrôle de gestion, mode d’exploration de l’activité collective dans les entreprises et des pratiques de gestion dans des contextes culturels diversifiés). La recherche révèle, par ailleurs, la présence de plusieurs pistes de recherche pour l’étude des pratiques du contrôle de gestion, et des pratiques de gestion prises dans leur ensemble. Enfin, et surtout, la recherche a rendu possible le "retour du sujet" dans l’étude du contrôle de gestion en montrant la compétence des acteurs. Ce faisant la recherche interpelle la responsabilité des acteurs dans la production et la reproduction des principes d’organisation, des pratiques d’organisation et des rapports sociaux dans les entreprises. Il est donc espéré que la recherche ouvrira la voie B une prise de conscience, afin qu’émergent, dans les entreprises, des conditions de vie satisfaisantes pour tous.

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