Cette thèse rédigée par articles vise à combler un manque de connaissances sur les successions aux postes de direction artistique dans des organisations culturelles ayant le statut d’organisme à but non lucratif (OBNL) et à mieux comprendre ces phénomènes. Elle a pour objectif de favoriser une meilleure compréhension des différentes formes de succession, des tensions identitaires et des multiples principes organisateurs que des successions pourraient impliquer.
Les trois articles abordent les successions aux postes de direction en ayant recourt à trois ancrages théoriques différents. Tout d’abord, par une approche typologique permettant d’identifier différentes formes de succession, puis en ayant recours à deux théories, soit l’identité organisationnelle et les Économies de la grandeur.
Dans le premier article théorique, un cadre d’analyse est développé. Il vise à rendre compte de la diversité des formes de succession et à définir les différentes formes qu’elles peuvent revêtir. Construit à partir de combinaisons de différentes propriétés, identifiées comme étant structurantes, ce cadre matriciel permet d’identifier huit formes théoriques de succession. Ces formes sont ensuite illustrées par des cas de succession aux postes de direction artistique, issus de la littérature. Cet article contribue aux travaux sur les successions en développant une approche analytique alternative aux approches souvent normatives des successions.
Le second article est une étude qualitative basée sur une étude de cas multiples. À travers quatre cas de succession aux postes de direction artistique d’organisations culturelles québécoises, différentes tensions identitaires sont identifiées. La dynamique par laquelle ces tensions se construisent est mise en lumière. L’article sollicite la théorie de l’identité organisationnelle, en la revisitant par les paradoxes de l’identité et les dysfonctions de l’identité. Cette recherche favorise une compréhension des tensions identitaires survenant lors de successions, non pas comme des phénomènes isolés, mais se construisant et s’imbriquant les uns aux autres. Elle permet également la comparaison entre les tensions survenant dans différentes formes de succession.
Cette recherche contribue aux travaux sur les successions en permettant l’identification de quatre tensions identitaires survenant en contexte de succession. Elle montre également que certaines tensions se construisent dans un effet de cascade entre les tensions.
Le troisième article est également une étude qualitative basée sur une étude de cas multiples. En ayant recours à la théorie des conventions, et plus spécifiquement aux Économies de la grandeur, il montre que les dispositifs de successions correspondent à différents principes organisateurs. Cet article met en lumière quatre conventions de gestion du processus successoral. Dans trois des conventions, les principes organisateurs s’hybrident et forment des composites, tandis que dans une des conventions, ils apparaissent en tension. Cet article suggère également qu’une forme organisationnelle impliquant la présence de membres, dans le statut juridique et les règlements constitutifs, pourrait faire en sorte que les dispositifs de succession soient modulés par des processus impliquant une participation démocratique. La présence de la personne fondatrice dans l’organisation pourrait plutôt être associée à la présence de dispositifs relationnels, laissant un plus grand pouvoir aux individus.Ensemble, ces articles permettent une compréhension progressive des successions aux postes de direction dans les organisations culturelles (voir tableau 7).
Mots clés : succession, organisation culturelle, OBNL, typologie, identité organisationnelle, théorie des conventions, Économies des conventions, tensions, étude de cas, recherche qualitative.